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Abidjan sous couvre-feu avant l'issue de la présidentielle

Le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo (à gauche) et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, à Abidjan, les deux candidats à la présidentielle ivoirienne. La Côte d'Ivoire est appelée aux urnes dimanche pour le second tour de ce scrutin dans un cli

Le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo (à gauche) et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, à Abidjan, les deux candidats à la présidentielle ivoirienne. La Côte d'Ivoire est appelée aux urnes dimanche pour le second tour de ce scrutin dans un cli - -

par Tim Cocks ABIDJAN (Reuters) - La Côte d'Ivoire est appelée aux urnes dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle dans un climat...

par Tim Cocks

ABIDJAN (Reuters) - La Côte d'Ivoire est appelée aux urnes dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle dans un climat tendu par l'instauration d'un couvre-feu et la mort de trois manifestants la veille à Abidjan.

Le duel très serré entre le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo (38% au premier tour) et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara (32%) fait resurgir des tensions latentes après plus d'une décennie de violences provoquée par un coup d'Etat, puis une rébellion qui a abouti à une partition de facto entre le Nord, acquis à Ouattara, et le Sud, fief de Gbagbo.

Le président ivoirien a annoncé cette semaine l'instauration d'un couvre-feu nocturne jusqu'à mercredi afin de réduire les violences entre partisans des deux camps qui ont fait au total sept morts ces derniers jours selon les autorités.

Le chef d'état-major de l'armée, le général Philippe Mangou, a lancé à la télévision un appel au calme et affirmé que "le couvre-feu n'aura aucun impact sur la transparence du scrutin".

Mais les partis d'opposition et les Forces nouvelles, ex-forces rebelles qui contrôlent toujours le nord du pays, ont refusé d'appliquer cette mesure, redoutant un stratagème pour manipuler les urnes.

La commission électorale a manifesté aussi son inquiétude, appelant Laurent Gbagbo à assouplir certaines modalités du couvre-feu qui risqueraient d'avoir un impact sur le vote.

Blaise Compaoré, médiateur dans la crise ivoirienne, a déclaré que des discussions avaient eu lieu à ce sujet, mais il n'a pas donné de détails. Au terme d'entretiens avec le président burkinabé, les deux candidats ont promis samedi de respecter le verdict du scrutin.

"RECRUDESCENCE DE LA VIOLENCE"

Le chef d'état-major a justifié le couvre-feu par les affrontements constatés cette semaine entre jeunes armés de bâtons, de machettes et parfois d'armes à feu dans plusieurs quartiers d'Abidjan et dans certaines autres parties du pays.

Yves Doumbia, porte-parole du maire de la commune d'Abobo à Abidjan, qui passe pour être un bastion des partisans d'Ouattara, a déclaré samedi soir qu'une foule rassemblée dans cette partie de la capitale économique ivoirienne était devenue incontrôlable et que la police avait eu recours à des gaz lacrymogènes et à des balles réelles.

Ces violences ne sont pas les premières de la semaine. Mangou a parlé d'au moins deux morts et de nombreux blessés, dont dix dans un état grave, lors d'affrontements la nuit précédente. Et deux autres personnes avaient été tuées dans des échauffourées jeudi, selon le ministère de l'Intérieur.

Les deux candidats se sont affrontés jeudi soir lors d'un débat télévisé policé, sans précédent dans l'ancienne colonie française. Mais la rhétorique agressive de la campagne et les heurts entre leurs partisans ont "plombé" le climat.

"Comme vous le voyez, le déroulement du face-à-face à la télévision, qui a été apprécié par la totalité des Ivoiriens, n'a pas pu avoir un effet sur le comportement des militants. Tout au contraire, nous avons constaté une recrudescence de la violence", a noté le général Mangou.

Alassane Ouattara s'est assuré le soutien de l'ancien président Henri-Konan Bédié, arrivé troisième au premier tour, mais on ignore si les partisans de ce dernier, majoritairement originaires du Sud, sont prêts à se tourner massivement vers l'ancien Premier ministre, un nordiste.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français