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2017 pourrait être l'année la plus meurtrière en Méditerranée pour les migrants, selon Amnesty International

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Amnesty International ne cesse de le répéter. La mer Méditerranée devient peu à peu un cimetière à ciel ouvert. Et 2017 ne fera pas exception. Avec plus de 2.000 migrants morts en six mois, elle pourrait même devenir l'année la plus meurtrière.

C'est un cri d'alarme que lance Amnesty International. Dans un rapport publié ce jeudi, l'ONG pointe du doigt la "défaillante de l'Union européenne" qui conduit à la mort de milliers de migrants en Méditerranée, explique l'agence de presse Reuters

"Si le deuxième semestre 2017 est à l'image du premier et qu'aucune disposition d’urgence n'est prise, 2017 est en passe de devenir l'année la plus meurtrière pour la route migratoire la plus meurtrière du monde", écrit John Dalhuisen, directeur pour l'Europe de l'ONG, dans un communiqué.

Ce rapport se base sur les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au total, ce sont 2.072 décès recensés sur les 75.000 personnes qui ont tenté la traversée pendant ses six derniers mois. Aussi, le taux de décès est en progression de 2.7%. Trois fois plus qu'en 2015, pour un nombre de migrants similaire.

"Des coups de feu en direction des bateaux"

Pour l'ONG cette progression s'explique, en partie, par la politique actuelle des Etats européens.

"Les États européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer", regrette John Dalhuisen.

Ce qui est dénoncé c'est notamment la politique d'aide à la Libye pour démanteler les réseaux de passeurs et contenir les migrants sur ses côtes. 

"Au lieu d'agir pour sauver des vies et offrir une protection, les ministres européens qui se réunissent ce jeudi accordent sans aucun état d’âme la priorité aux accords dangereux avec la Lybie, dans une tentative désespérée d’empêcher les réfugiés et les migrants d'atteindre les frontières de l'UE", continue John Dalhuisen

Leurs techniques d'intervention "ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques".

"En outre, des allégations sérieuses accusent certains garde-côtes d'être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu'ils maltraitent les migrants", poursuit Amnesty. "Des garde-côtes libyens ont tiré des coups de feu en direction des bateaux et un rapport de l'ONU au mois de juin signalait qu'ils étaient directement impliqués par l'usage d'armes à feu dans le naufrage de bateaux de migrants."

Selon le rapport, les migrants secourus par les Libyens "sont renvoyés en Libye, où ils sont régulièrement placés en détention et torturés, et où il n'existe ni droit d'asile ni système d'asile".

E. H.