La seconde vie des pneus

En France, il y a quelques années encore des tonnes de pneus finissaient dans des décharges voire entassés sur des sites que l'on dit orphelins. Personne pour les gérer. Les risques sanitaires et environnementaux sont grands. En 2008, les professionnels du secteur ont décidé de se mobiliser pour créer une association Recyvalor. Son but: revaloriser tous ces pneus usagés.

On dénombre en France une soixantaine de sites dits orphelins. Les pneumatiques s'entassent. Des décharges illégales, totalement à l'abandon. Il y avait urgence à agir.

Il y a une dizaine d'années, les professionnels et à leur tête Mobivia interpellent les ministères. En 2003 un décret voit le jour. La filière organise le recyclage. Une éco-contribution est mise en place: 1 euro 35 à l'heure actuelle pour l'achat d'un pneu. Mais quid de tous ceux qui sont abandonnés dans la nature?

Faute de solution les acteurs entament une démarche volontaire. C'est ainsi que nait Recyvalor en 2008. L'état des lieux est sans appel: 10 millions de pneus recensés, plus de 60.000 tonnes. L'association Robin des Bois s'alarme. Son président Jacky Bonnemains rappelle que "les décharges de pneus présentent plusieurs dangers dont celui des incendies mais aussi les moustiques vecteurs de maladie comme le chikungunya."

"Mobilisation sans faille"

Bénédicte Barbry, la président de Recyvalor tient à souligner que "depuis, aucun professionnel n'a abandonné l'aventure. Une mobilisation sans faille", grâce notamment au soutien de l'un des organismes de collecte et de recyclage des pneus Aliapur. Pas question de concurrence. Manufacturiers et distributeurs travaillent main dans la main. Dix millions d'euros d'investissement. Un tiers est financé par l’État.

Le bilan à mi-parcours est plutôt positif. 31.070 tonnes de pneus ont été extraits de ces décharges, ce qui représente 43 sites nettoyés dont 15 en 2012 et plus de 4 millions de pneus valorisés. Mais il reste fort à faire. La mission de Recyvalor doit prendre fin dans quatre ans mais tous les pneus n'ont pas été collectés. Des sites complexes doivent encore être visités: celui de Souillac représente à lui seul 20.000 tonnes. Le stock constitué sur une trentaine d'années se trouve à proximité de voies de passage et surtout d’une voie ferrée.

Terrains de jeux et roulettes de caddies

Étape suivante: la préparation à la revalorisation. Caoutchouc, plastique, plus de 200 composants au total. Le pneu a des vertus insoupçonnées. Il peut servir à fabriquer de multiples produits. A partir du granulat, des terrains de jeux pour les enfants, des terrains de tennis, des murs anti-bruits, de roulettes de caddies. Et même une toute nouvelle piste d'athlétisme. ASM Omnisport et Michelin ont décidé d’utiliser 9.000 pneus usagés comme composant du revêtement de la nouvelle piste d’athlétisme de l’ASM.

Et ce n'est pas tout. Le pneu est aussi un très bon combustible pour les cimenteries ou peut encore servir à combler des carrières. Il faut donc souhaiter que très rapidement il n'y aura plus de pneus laissés à l'abandon. La filière désormais organisé poursuit la recherche. Prochaine étape à franchir: réussir à faire un pneu neuf avec un usagé.

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Nathalie Croisé de BFM Business