Conférence environnementale : un Grenelle version Hollande ?

François Hollande s'exprimant vendredi matin lors de la conférence environnementale. - -
Le gouvernement a veillé à ne sutout pas prononcer le terme mais la ressemblance est frappante : la conférence environnementale voulue par François Hollande et qui s'ouvre vendredi a des airs du Grenelle de l'environnement organisé sous l'ère de Nicolas Sarkozy en 2007. Un quinquennat plus tard, quelles sont les différences et les ressemblances entre les deux rendez-vous ? BFMTV.com fait le point.
• Les mêmes participants
Cinq ans après, les mêmes acteurs vont retrouver leur place autour de la table et sur la photo. Syndicats, ONG (Fondation Nicolas Hulot, WWF, Greenpeance), patrons (Laurence Parisot et Jean Louis Schilansky), élus, associations de consommateurs et experts seront bien là. En 2007, les parlementaires étaient sur un strapontin : "[Ils] avaient un peu boudé à l’époque du Grenelle parce qu’on leur demandait un vote sans qu’ils aient pu suivre les discussions", a précisé mercredi Benoît Faraco, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Cette fois-ci, sénateurs, députés européens et nationaux se sont répartis les cinq tables rondes.
• Le gaz de schiste toujours d’actualité
Le Grenelle version 2007 balayait de nombreuses thématiques allant du changement climatique à l'éducation ou encore les OGM. Moins ambitieuse, la conférence de 2012 se concentrera sur deux grands thèmes : la transition énergétique et la biodiversité. Pour autant d’autres notions apparaîtront de façon transversale comme la fiscalité et la santé.
Concrètement, une attention particulière sera portée à la question du gaz de schiste, qu’un collège d’employeurs espère bien remettre sur la table après l’interdiction en jui 2011 des forages par fraction hydraulique décidée par Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’Environnement.
• Des attentes plus réalistes
"On était sortis satisfaits du Grenelle avec des objectifs ambitieux: diviser par quatre les émissions, mettre en place une trame verte et bleue, faire 6% de bio… Mais on a manqué de moyens", a reconnu mercredi Benoît Faraco, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.
"Le ministre le plus important de cette conférence ne sera peut-être pas Batho (ministre de l’Ecologie, ndlr) mais Cahuzac (ministre délégué au Budget, ndlr) et Montebourg (ministre du Redressement productif, ndlr)", poursuit-il.
Un avis que partage Nadine Lauverjat, présidente du Rassemblement pour la planète."Le Grenelle était pour nous une grande première. (…) Aujourd’hui, nous avons une vision politique cohérente pour opérer un changement de logiciel. Nous insistons aussi sur les mesures les plus réalistes", explique-t-elle dans Terra Eco.
Pour Nicolas Hulot, cette conférence n’est qu’un début : "C'est bref, que personne ne se fasse d'illusions: ce n'est pas là qu'on va définir la mutation écologique, mais on peut définir une vision et un échéancier."
• Un "président écolo" en 2007, un autre en 2012
Quoiqu'il en retourne, le ton et le programme affiché rappelle furieusement quelques souvenirs à l'ancienne majorité, à commencer par Nathalie Kosciuszko-Morizet. "Quand on regarde ce qu'il propose, c'est le Grenelle de l'environnement et le Grenelle de l'environnement, c'est Nicolas Sarkozy qui l'a inventé en 2007, nous en étions les promoteurs avec Jean-Louis Borloo, je souscris fortement à cette idée!", fustige-t-elle.
Organisatrice de la conférence environnementale, Marie-Hélène Aubert ne nie pas l’inspiration du Grenelle de 2007. Au lendemain de l’élection, la chargée du pôle "Environnement, développement durable et énergie" du candidat Hollande déclarait au Monde: "Le dialogue transversal a bien fonctionné, mais rappelons que cette idée était celle des ONG. Elle n'avait pas germé d'un seul coup dans la tête de Nicolas Sarkozy." En clair, la droite n'a pas le monopole du Grenelle.
En organisant des rencontres sur l’environnement, l’ex-président comme l’actuel veulent montrer leur activisme en la matière. François Hollande doit en plus reconquérir le cœur de ses partenaires politiques. Pascal Durand, secrétaire national d'Europe-Ecologie Les-Verts (EELV) a d'ores et déjà déclaré attendre que le président de la République fixe "une orientation extrêmement forte".