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Canicule: Jean-Marc Jancovici assure que "ce n'est rien comparé à ce qui nous attend" à cause du réchauffement climatique

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L'ingénieur et spécialiste de l'énergie et du climat, Jean-Marc Jancovici, prévient sur BFMTV-RMC que les conséquences du réchauffement climatique seront pires que la canicule "que l'on vit actuellement" si rien n'est fait pour enrayer les émissions de gaz à effet de serre.

Un énième cri d'alerte. Alors que la France suffoque sous une chaleur extrême ce mardi 1er juillet, l'ingénieur spécialisé dans les questions d'énergie et de climat, Jean-Marc Jancovici, prévient sur BFMTV-RMC que "ce que l'on vit" actuellement n'est "rien comparé à ce qui nous attend".

"Si on continue sur notre tendance d'émissions (de gaz à effet de serre, NDLR), on n'a encore rien vu là, c'est rien", avertit le président du think thank Shift project.

"À 2°C de réchauffement, qui est l'objectif de l'accord de Paris (l'accord prévoit de maintenir la hausse des températures en deçà de 2°C, NDLR), la quasi-totalité des coraux tropicaux seront morts, entre 30 et 50% de la forêt française sera morte. Là, pour le moment, ce que l'on vit, ce n'est rien comparé à ce qui nous attend si on continue", affirme-t-il. "Tout cela, c'est documenté depuis des décennies, voire des siècles."

Jean-Marc Jancovici explique que si on arrêtait les émissions de C02 "demain matin", il "faudrait plus de 10.000 ans au surplus que l'on a crée pour s'évacuer totalement". Un constat face auquel il appelle toutefois à ne pas se montrer défaitiste et à agir. "Plus on rajoutera, plus la situation future sera désagréable et pénible", alerte le spécialiste.

La Méditerranée en surchauffe, une crue mortelle dans les Alpes

Ce 1er juillet, 16 départements sont en vigilance rouge canicule dont ceux de l'Île-de-France, la première fois depuis cinq ans, et 68 sont en vigilance orange. La dernière vigilance de cette ampleur et de cette étendue pour la France remonte à août 2023.

Dimanche, deux mesures ont témoigné du caractère inédit de la vague de chaleur: la Méditerranée a connu sa température de surface la plus chaude pour un mois de juin, à 26,01°C en moyenne, selon le programme européen Copernicus. Et le Mont-Blanc, à 4.806 m d'altitude, "a dû enregistrer une température positive, à 1 ou 2°C", ce qui n'arrive, parfois, "qu'au cœur de l'été", explique Antoine Courteaud, prévisionniste et nivologue de Météo-France à Chamonix.

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Outre la santé, la canicule impacte l'environnement: 26 départements étaient lundi en vigilance sécheresse, et 10 au niveau de crise, déclenchant des restrictions importantes de l'utilisation de l'eau. Une pollution de l'air par l'ozone s'installe par voie de conséquence, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes ou dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Des restrictions de circulation ont été décidées en Île-de-France.

Par ailleurs, à mesure que la planète se réchauffe, l'atmosphère contient de plus en plus de vapeur d'eau (environ 7% pour chaque degré supplémentaire), ce qui augmente les risques de fortes précipitations.

Dans les Alpes, de violents orages ont provoqué la crue, inédite en 70 ans, d'un torrent proche de la frontière italienne, causant d'importants dégâts. Juste de l'autre côté des montagnes, dans le Piémont, un homme de 70 ans est mort emporté par un déferlement d'eau et de boue consécutif à de fortes pluies, les autorités locales évoquant des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents.

Cette 50e vague de chaleur nationale recensée depuis 1947, la 33e du XXIe siècle, s'inscrit dans un contexte de changement climatique qui en augmente l'intensité et la fréquence.

Juliette Brossault avec AFP