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Antarctique: nouvel échec des négociations sur les sanctuaires marins

La protection de nombreuses espèces vivant dans l'Antarctique, comme des baleines ou manchots, sont en jeu à la CCAMLR.

La protection de nombreuses espèces vivant dans l'Antarctique, comme des baleines ou manchots, sont en jeu à la CCAMLR. - -

Les négociations sur la création de sanctuaires marins en Antarctique se sont de nouveau conclues sur un échec vendredi en Australie. La Chine et la Russie ont fait obstacle à la protection de ce fragile écosystème menacé par la pêche et la navigation.

Ils ont rendu feuille blanche. Réunis à Hobart sur l'île de Tasmanie, les membres de la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) n'ont pas réussi à trouver un accord sur la création de sanctuaires marins en Antarctique, ces espaces de protection de la faune où la présence humaine est interdite.

Il s'agit du troisième échec depuis 2012 pour la CCAMLR, l'instance créée en 1982 pour gérer les ressources marines du continent de glace et qui regroupe 24 Etats plus l'Union européenne.

Les eaux de l'océan Austral autour de l'Antarctique abritent des écosystèmes exceptionnels en bonne partie préservés des activités humaines mais désormais menacés par le développement de la pêche et la navigation.

16.000 espèces concernées

Deux projets de sanctuaires ont été mis sur la table aux fins de créer une vaste réserve marine couvrant l'équivalent du territoire indien, potentiellement la plus étendue au monde, peuplée de cétacés, mammifères marins et de manchots. Au total, pas moins de 16.000 espèces sont concernées.

Les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande proposaient de sanctuariser une aire de 1,25 million de km2 en mer de Ross, une immense baie, côté Pacifique, sous juridiction néo-zélandaise.

La France, l'Australie et l'Allemagne recommandaient de leur côté la création de sept aires marines protégées (AMP) côté océan indien, sur une étendue de 1,6 million de km2.

La Russie et la Chine font opposition

La Russie et la Chine se sont opposées à ces propositions, repoussant à l'automne 2014 (sauf réunion exceptionnelle) de nouvelles consultations puisque la CCAMLR se réunit une fois par an et que toute décision en son sein est adoptée par consensus.

"La communauté internationale s'était rassemblée à Hobart pour protéger des zones essentielles de l'océan Antarctique, un des derniers écosystèmes inviolés de la planète, et la Russie a choisi de faire obstacle", a déploré Joshua Reichert, vice-président exécutif de l'organisation américaine de défense de l'environnement Pew Charitable Trusts dont un représentant participait aux négociations.

"Un jour noir pour les océans du monde entier"

"C'est triste", a déclaré le chef de la délégation suédoise, Bo Fernholm, ajoutant: "Il reste des points de discorde sur des sujets importants comme la période pendant laquelle une zone marine doit rester protégée, il y avait aussi des objections sur la superficie de ces zones."

"C'est un jour noir pas seulement pour l'Antarctique mais pour les océans du monde entier", s'est exclamée Andrea Kavanagh, responsable de projets marins de Pew Charitable Trusts.

Une rencontre exceptionnelle au mois de juillet en Allemagne avait déjà achoppé en raison, selon les ONG, de l'opposition de la Russie qui craint de voir trop fortement se réduire ses zones de pêche. Avant le sommet de Hobart, la Nouvelle-Zélande avait revu sa copie et considérablement diminué la surface devant être sanctuarisée. En vain.

Marc Pédeau avec AFP