Nobel de littérature: Alexievitch, wa Thiong'o et Murakami favoris

Le Nobel de littérature doit être décerné ce jeudi à 13 heures. - Abhi Sharma - Flickr - CC
Qui succédera à la Canadienne Alice Munro? La Bélarusse Svetlana Alexievitch, le Kényan Ngugi wa Thiong'o ou le Japonais Haruki Murakami? Ces trois écrivains sont en effet les favoris des cercles littéraires et des sites de paris en ligne pour le prix Nobel de littérature, décerné jeudi à 13 heures à Stockholm.
Après des semaines de spéculations, "soudainement, certains noms reviennent plus que d'autres. Cette année, Ngugi wa Thiong'o est l'un d'entre eux", explique à la télévision publique suédoise SVT Jessika Gedin, la présentatrice d'une émission culturelle populaire, Babel.
"Anticolonialiste pur jus""
Sur les 210 candidatures soumises à l'Académie cette année, cinq ont été retenues. Les membres du jury, chargés de lire attentivement ces cinq auteurs, ont traditionnellement recours à toutes sortes de stratagèmes pour garder secrète cette liste de finalistes.
Le continent africain est le parent pauvre: seuls quatre auteurs ont été récompensés depuis la création du prix, dont le dernier, le Sud-Africain John M. Coetzee, en 2003. Le Kényan Ngugi wa Thiong'o est un candidat d'autant plus crédible qu'il a "un style élaboré, c'est un conteur populaire et un dissident anticolonialiste pur jus", soutient une critique littéraire du journal suédois Aftonbladet, Pia Bergström.
Haruki Murakami "est le préféré des lecteurs et de beaucoup de journalistes, mais il manque à ses oeuvres ce supplément de profondeur qui ferait de lui un Nobel", pense Elise Karlsson, critique auprès du quotidien Svenska Dagbladet.
Joyce Carol Oates et marc de café
Mais, si la même langue est choisie, "il faut que ce soit dans deux parties du monde très éloignées", ce qui éliminerait l'Américaine Joyce Carol Oates. Le Syrien Adonis, le Français Yves Bonnefoy ou le Sud-Coréen Ko Un seraient des lauréats plausibles, si l'Académie veut se détourner du roman.
Le prix pourrait plébisciter le reportage littéraire et aller à la Bélarusse Svetlana Alexievitch, avance Elise Karlsson. Le Français Patrick Modiano, qui a dépeint Paris sous l'occupation allemande, et le Somalien Nuruddin Farah, qui a évoqué l'histoire complexe d'un pays méconnu, sont également cités.
Enfin, si l'Académie veut choisir un auteur âgé, Milan Kundera, 85 ans, pourrait être récompensé. "De toutes façons, on ne sait jamais", a conclu amusée Jessika Gedin. "Cette semaine, dans les rédactions culturelles (...), on lit dans le marc de café".