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Culture

Le DJ Laurent Garnier interpelle Roselyne Bachelot et réclame des aides pour le monde de la nuit

Laurent Garnier en 2007

Laurent Garnier en 2007 - Jeff Pachoud - AFP

Le DJ français regrette que les artistes du monde de la nuit de soient pas concernés par les aides prévues pour la culture dans le cadre de la crise sanitaire.

Laurent Garnier voudrait que les DJ reçoivent une aide du ministère de la Culture face aux pertes occasionnées par la crise sanitaire. C'est ce qu'écrit le musicien électro français dans une lettre ouverte publiée lundi sur son site officiel, adressée à Roselyne Bachelot.

Cette prise de parole intervient quelques jours après que la ministre de la Culture a annoncé une aide de 115 millions d'euros pour le spectacle vivant et le cinéma. En août, elle avait déjà déclaré qu'un budget de 435 millions d'euros avait été débloqué en faveur du spectacle vivant. Autant de soutiens qui ne concernent pas le monde de la nuit, pourtant à l'arrêt depuis mars dernier, ce que Laurent Garnier dénonce:

"J’ai eu la fâcheuse impression de ne pas avoir été concerné par vos annonces (...) Pour en avoir le cœur net, j’ai dans la foulée appelé un ami (du métier) pour lui poser cette simple question: 'Rassure-moi V, quand notre ministre parle du secteur du spectacle vivant, elle parle bien de nous aussi quand même?'. D’abord ma question le fit rire (ce qui ne présageait rien de bien bon), avant de me livrer sa réponse: 'Ah non Laurent, nous on fait dorénavant partie du secteur du spectacle mort… Roselyne l’a annoncé maintes fois, le monde de la nuit ne dépend pas d’elle mais du ministère de l’Intérieur!".

"Je fais indirectement rayonner la France depuis plus de 30 ans à l’étranger"

"En tant qu'Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’Honneur et DJ globetrotter (comme d’autres artistes de notre pays, je fais indirectement rayonner la France depuis plus de 30 ans à l’étranger) je pensais bêtement que les choses avaient évolué et qu’avec mes petits camarades platinistes nous avions dignement gagné notre statut et notre ticket d’accès au 'monde de la culture'", ironise-t-il. "Mais force est de constater qu’apparemment ce n’est toujours pas le cas."

Laurent Garnier rappelle que si les salles de spectacle et de cinéma sont effectivement en souffrance, elles ont "quand même pu rouvrir malgré un protocole sanitaire compliqué". Même chose pour les restaurants, qui peuvent, "tant bien que mal", trouver "quelques possibilités de réouverture". À l"inverse, le secteur de la nuit et des clubs "est totalement à l'arrêt": "Pour nous la fête est terminée, et ce depuis maintenant huit longs mois."

"Des endroits bouillonnants de création"

Il poursuit en soulignant que les clubs emploient eux aussi un personnel conséquent et accuse: "Depuis de trop longs mois, l'espace culturel de la nuit a été totalement ignoré".

"Le manque flagrant de considération, l’ignorance émanant de votre ministère envers le secteur de la nuit et des clubs est clairement interprété par beaucoup d’entre nous comme une forme de mépris incompréhensible. Car que vous le vouliez ou non, les clubs et les lieux de cette culture nocturne étaient (quand ils étaient ouverts) des endroits bouillonnant de création, d’imagination et de partage."

"J’étais, madame la ministre, sincèrement attentif et bienveillant quant à votre prise de fonction", écrit-il enfin. "Mais j’avoue qu’aujourd’hui, ne sachant plus très bien si je suis un 'artiste du spectacle mort' un 'artiste de l’intérieur', ou 'pas un artiste du tout', je commence à avoir de sérieux doutes.

Depuis le début de la crise, des aides ont été mises en place pour venir en aide au propriétaires de discothèques. Un fonds de soutien a été proposé par le gouvernement au début de l'été. En septembre, le ministère chargé des PME a annoncé que ces aides seraient renouvelées jusqu'à la fin de l'année.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV