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France Télévisions : sans la pub, la dèche ?

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Les salariés de France Télévisions sont en grève aujourd’hui, craignant pour le financement de leur travail à la suite de la suppression de la publicité sur leurs antennes.

Quel avenir pour la télévision publique sans publicité ? La commission Copé rédige aujourd'hui ses conclusions sur cette question. Elles seront remises à l'Elysée la semaine prochaine. Elle devrait envisager notamment une disparition progressive de la pub, avec pour commencer l'an prochain une suppression des écrans après 20 h.

Conséquence directe, France 2 et France 3 se mobilisent une nouvelle fois aujourd'hui, avec une grève et une manifestation cet après-midi dans les rues de Paris. Le mouvement devrait être très suivi, notamment du côté des journalistes. Lors de la dernière grève, en février, 70 % avaient cessé le travail, un record, soucieux des conséquences de cette annonce sur le financement de leur travail.

En effet, depuis l'annonce du Nicolas Sarkozy au début de l'année, France Télévisions a déjà perdu 20% de recettes financières, les annonceurs préfèrant se positionner déjà sur les autres chaînes pour être sûrs d'avoir de la place l'an prochain. Philippe Santini, directeur général de France Télévisions Publicité, explique qu'il n'avait « jamais vu une baisse de 20%. Au-delà des pourcentages, ça représente en valeur environ 150 millions d'euros, qui sont partis sur TF1 et M6. Assez curieusement, il s'agit de clients qui étaient traditionnels, pour des raisons évidentes de coïncidences entre leurs clients et nos téléspectateurs, comme le Club Méditerranée, BMW, ou Nivéa. On est toujours en vie et on est des commerçants donc on a fait des promotions. »

Conséquence de cette perte de recettes publicitaires, le budget pour la rédaction a baissé de 3 millions d'euros depuis le début de l'année, sur un budget total annuel de 136 millions d'euros. Valéry Lerouge, journaliste au service économie de France 2, explique les conséquences sur le travail des journalistes : « On nous dit sur des idées de sujets « Ah non, ça on va pas le faire, parce que ça coûte trop cher, c'est pas le moment ». C'est vrai qu'un financier pourra me dire « On peut s'en passer », mais on peut se passer de tout à ce moment-là et faire n'importe quoi à l'antenne. On peut surtout réfléchir à faire des économies, car il y a des économies à faire dans cette grande maison, mais pas en y allant de manière si brutale. C'est en le faisant de manière rationnelle, comme on le ferait dans une entreprise privée bien gérée. Là on est en train juste de mettre des croix sur des grosses cases budgétaires ».

En cette journée d'actions, certains dans la rédaction de France Télévisions craignent qu'un plan de « 1 500 à 1 700 licenciements sur 2 ans » ne soit déjà arrêté, alors que des sources proches de la direction sont bien plus pragmatiques : « Tant que Sarkozy n'a pas tranché, il est impossible d'affirmer qu'il y aura des licenciements, et encore moins un chiffre. Cependant, une fois le nouveau mode de financement connu, il est sûr que les choses vont bouger. France 3 n'a plus son monopole régional depuis l'arrivée de la TNT et va devoir sûrement profondément bouger. Il faudra probablement faire des économies, mais il ne faut pas raisonner avec le modèle actuel, les modes de consommation de la télévision ayant évolué, et cela ne se traduira pas forcément par des licenciements. C'est une hypothèse parmi de nombreuses autres. »

La rédaction et Céline Martelet