Mort d'Émile: ce que l'on sait de la première journée de garde à vue des proches de l'enfant

Plus de 20 mois d'enquête, et un nouveau rebondissement. Quatre membres de la famille du petit Émile, dont les ossements ont été retrouvés en mars 2024 près d'un an après sa disparition, ont été placés en garde à vue à la section de recherches de Marseille, ce mardi 25 mars. Dans la soirée, la garde à vue du grand-père a été prolongée de 24 heures.
Ce sont les premières gardes à vue depuis le début de l'enquête autour de la disparition puis de la mort du garçon, en juillet 2023.
• Interpellations et véhicules saisis
En plus de ses grands-parents maternels, Philippe et Anne Vedovini interpellés à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), un oncle et une tante de l'enfant sont interrogés. Ces derniers sont un frère et une soeur de Marie, la mère d'Émile.
Les interpellations, qui étaient "programmées", se déroulent sous les chefs d'"homicide volontaire" et "recel de cadavre". Elles s'inscrivent "dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations réalisées ces derniers mois", indique le procureur de la République d'Aix-en-Provence, dans un communiqué.
Des auditions de témoins ont également été menées, ce mardi, dans la continuité de l'enquête, a appris BFMTV. "Nous menons une opération d'envergure pour que cette phase soit complète", indique une source proche de l'enquête à BFMTV.
Dans la matinée, des perquistions ont eu lieu au domicile des grands-parents maternels d'Émile. Deux véhicules ont été saisis, la voiture du grand-père, une Hyundai bleu marine, ainsi qu'une remorque à chevaux, qui a été recourverte de plastique. D'autres "actes criminalistiques" se sont produits "en divers lieux du territoire", indique le procureur de la République d'Aix-en-Provence, dans un communiqué.
• La possibilité de retrouver de l'ADN
Interrogé, sur BFMTV, sur la possibilité de retrouver des traces de sang ou de l'ADN deux ans après la disparition d'Émile, François Daoust, ancien directeur de l'IRCGN et du pôle judiciaire de la gendarmerie, estime qu'il est "tout à fait" possible que ce soit le cas.
"L'ADN, c'est à la fois très fragile et très résistant. Si c'est à l'abri, on a toutes les chances de retrouver de nombreuses années après de l'ADN", soutient-il.
"Là-dessus, on pourra travailler sur le coffre du véhicule, à l'intérieur du van", poursuit François Daoust.
• Les réactions des avocats des grands-parents
La première audition de Philippe Vedovini, grand-père d'Émile âgé de 58 ans et placé en garde à vue ce mardi, s'est terminée, dans l'après-midi. "Peut-être que ce qu'il se passe aujourd'hui n'est pas ce qu'on avait escompté", a réagi son avocate Me Isabelle Colombani. Néanmoins, "être placé en garde à vue, ça ne veut rien dire", souligne-t-elle.
Une nouvelle audition du grand-père d'Émile s'est tenue à partir de 16 heures ce mardi et une troisième à partir de 21 heures.
"Ma cliente n'attend rien de plus que la vérité sur ce drame", a, de son côté, indiqué Me Julien Pinelli, défense de la grand-mère d'Émile. "S'il faut passer par cette mesure, et que celle-ci est nécessaire à la recherche de la vérité, naturellement elle s'y soumettra."
• Des gardes à vue sans lien avec la saisie de la jardinière
Le 13 mars dernier, les enquêteurs de la "cellule Émile", pilotée par la section de recherches de Marseille avaient passé plusieurs heures dans le hameau du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) où Émile a disparu le 8 juillet 2023.
Ils étaient repartis avec une "imposante" jardinière qui était positionnée à proximité de la chapelle du Haut-Vernet et a été envoyée au laboratoire bordelais de Doutremepuich.
Selon plusieurs sources concordantes à BFMTV, l’analyse de la jardinière saisie par une quinzaine d'enquêteurs n’a pas été déterminante dans la décision de placer en garde à vue ces quatre membres de la famille d'Émile.
• De nombreux mystères qui persistent
Ces nouveaux éléments pourraient permettre une accélération de l'enquête débutée après la disparition d'Émile. Dix jours plus tard, une information judiciaire avait été ouverte avant d'être élargie à des faits "d'enlèvement, arrestation, détention et séquestration arbitraires sur mineur de moins de 15 ans".
Plusieurs perquisitions avaient été menées dans une quarantaine d'habitations entre octobre et novembre 2023. Ses ossements avaient finalement été retrouvés par une randonneuse le 30 mars 2024. L'acte de décès de la jeune victime avait été signé le 28 juin 2024.
Depuis plusieurs semaines, l'hypothèse d'une intervention humaine dans sa disparition ne fait plus de doute pour les autorités. "Qu’il y ait un auteur, cela ne fait quasiment plus aucun doute. A-t-il volontairement porté atteinte à l’enfant ou involontairement? C’est impossible à dire pour le moment. Mais qu’il puisse y avoir une intervention humaine, ça, c’est désormais fort probable", avait confié une source au cœur du dossier à BFM DICI.
Les quatre personnes interpellées peuvent rester, au maximum, 48 heures en garde à vue. De nombreuses questions restent en suspens et si les membres de la famille auditionnés se murent dans le silence, certaines réponses pourraient être apportées par l'exploitation de la jardinière et des véhicules saisis.