+35% en un an: pourquoi le nombre de dératisations est en forte hausse

Un rat à Paris, en janvier 2020 - Philippe Lopez
Plus de 6 millions. Après une enquête auprès de ses adhérents, la Chambre syndicale des métiers de la dératisation, désinsectisation et désinfection (CS3D) dit avoir enregistré 6,4 millions d'interventions pour déloger des rongeurs en 2022, en majorité des rats, indique Le Parisien ce lundi. Ce chiffre est en forte augmentation par rapport à 2021: +35%.
"En 2021, on était en moyenne à 20 dératisations par semaine" avec quatre intervenants, "aujourd'hui, on est entre 110 et 130 à cinq, on ne fait quasiment plus que cela", explique à BFMTV.com Arnaud Tajouri, fondateur de la société Eradiktou, implantée à Bordeaux (Gironde).
Si les rats sont chassés, c'est parce qu'ils causent des dégradations et représentent pour beaucoup un problème de santé publique. Ils peuvent notamment être porteurs de la maladie appelée la leptospirose.
Ces chiffres des dératisations en hausse ne sont toutefois "pas forcément le reflet d'une augmentation du nombre de rats", explique-t-on toutefois à la CS3D, contactée par BFMTV.com. "Ça ne veut pas dire qu'ils sont forcément plus nombreux", abonde Arnaud Tajouri, mais qu'il y en a davantage à la surface.
"Il n'y pas de rats sans nourriture"
La principale raison pour laquelle les rongeurs s'installent quelque part est alimentaire. "Il n'y pas de rats sans nourriture", déclarait mi-janvier sur BFM Lyon Romain Lasseur, biologiste et fondateur de l'entreprise de dératisation Izipest à Lyon (Rhône). "S'ils arrivent à se nourrir c'est que les poubelles sont accessibles. Pourquoi? Parce que les poubelles sont mal protégées ou parce que des gens, par incivilité, jettent à côté de la poubelle".
Arnaud Tajouri souligne également que l'une des premières mesures à prendre pour se débarrasser des rats à un endroit est de "mieux gérer les déchets. À Bordeaux le soir après minuit vous voyez plein de déchets jetés par terre" dont les rats peuvent se nourrir.
La CS3D cite de son côté "de nouvelles habitudes nées avec le confinement".
Depuis la fin du confinement les Français "passent plus de temps dehors, avec une hausse de fréquentation dans les lieux publics, avec un développement de la nourriture de rue qui profite des nouvelles piétonnisations", explique au Parisien Stéphane Bras, porte-parole de la CS3D. Les rongeurs ont donc plus facilement accès à de la nourriture.
"Les travaux sont un facteur qui peut dénicher les rongeurs"
Arnaud Tajouri souligne également que "les travaux sont un facteur qui peut dénicher les rongeurs" et les faire sortir à la surface, à la recherche d'un autre logement. Il cite ainsi les travaux autour de Paris pour les Jeux Olympiques de 2024, comme possible cause d'une augmentation dans la capitale de la présence de rats.
Pour palier ce phénomène, "quand il y a une démolition à Bordeaux, il y a dératisation avant et après", explique-t-il, ajoutant que les rats ne sont pas présents partout de façon uniforme, mais sont localisés dans certains lieux. Dans la capitale girondine, "d'années en années la population de rats se déplace".
Leur présence "n'est pas uniformément répartie dans la ville, on a des endroits vraiment très focalisés", abonde Romain Lasseur, au sujet de Lyon.
La CS3D met également en avant le réchauffement climatique pour expliquer une surpopulation potentielle du nombre de rats dans une ville, car "les hivers sont moins froids, il y a donc moins de mortalité dans la population des rongeurs".
"On ne cherche pas à éradiquer tous les rats"
D'autre part, certaines pratiques et certains produits utilisés contre les rats ont été interdits ces dernières années, comme la "poudre de piste qui pouvait être mise à la sortie des égouts, cela les empêchait de remonter", explique-t-on à la CS3D. Cela pourrait expliquer une présence plus forte à la surface, mais aussi une croissance de la population de rongeurs.
"80% des professionnels estiment que la mise en place obligatoire et généralisée de contrôles fréquents/prévention améliorerait leur capacité de gestion du risque nuisible" souligne la CS3D. "Ils interviendraient moins en 'pompiers' lorsque l’infestation est avérée."
Pour éliminer les rongeurs, "aujourd'hui on utilise plutôt des méthodes non chimiques", déclare Arnaud Tajouri. Il rappelle que "le but n'est pas de faire souffrir l'animal (...) On ne cherche pas à éradiquer tous les rats, le but c'est de contrôler la population et qu'il n'y en ait pas en surface".
"Il y aura toujours des rongeurs en ville et il n'est pas question de les éradiquer, néanmoins ce qui pose des problèmes de santé, et de santé publique, c'est la surdensité d'animaux", avait aussi expliqué Romain Lasseur.
