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Comment le Covid a durablement modifié nos habitudes de déplacement

Des personnes portent un masque de protection contre le Covid-19 dans le métro à Paris en novembre 2020

Des personnes portent un masque de protection contre le Covid-19 dans le métro à Paris en novembre 2020 - Martin BUREAU

Depuis le début de la pandémie, en voiture ou en transports en commun, notamment en Ile-de-France, les Français se déplacent moins, selon deux études.

Le pli a été pris. Les différents confinements ont profondément modifié les habitudes de déplacement des Français, des changements qui perdurent toujours aujourd'hui, selon les conclusions de deux études.

Les deux principaux modes de déplacement que sont les transports en commun et la voiture sont touchés. Ainsi, la part des Français utilisant les premiers a reculé de 13% entre 2019 et 2021 passant de 73% à 60% selon l'Observatoire de la mobilité réalisé par l'UTP (Union des Transports Publics et ferroviaires). Cette part est même inférieure à celle de 2020 (61%) alors que les confinements étaient plus sévères.

"De fait, la pandémie était encore très présente dans tous les esprits et les Français n’avaient pas encore repris leur vie quotidienne habituelle: travailler en présentiel, se déplacer, se divertir, faire du sport", commente l'UTP.

Bus et métros en baisse

Le repli est particulièrement notable en Ile-de-France (où les utilisateurs sont traditionnellement les plus nombreux) avec 75% des habitants de la région utilisant ce mode de transport cette année contre 85% en 2019.

47% des Franciliens utilisent le métro en 2021 contre 49% en 2019, 69% prennent le bus contre 71% deux ans plus tôt et 24% le RER contre 23% en 2019.

"Les déplacements en bus, métro, tramway sont en baisse car les distances entre les arrêts sont courtes et les utilisateurs de transports publics peuvent se déplacer avec des modes actifs (marche, vélo, vélo à assistance électrique). Ces modes actifs peuvent moins bien se substituer aux déplacements en RER, dont les arrêts sont plus éloignés, ce qui peut expliquer la stabilité de l’usage du RER", explique l'UTP.

L'essor du télétravail est aussi passé par là, "même s'il est à relativiser", estime l'UTP. Tout comme la peur d'être contaminé qui inquiète 32% des personnes interrogées. 64% des Français estiment que les transports en commun sont le lieu public où le risque est le plus élevé.

Les transports perçus comme un lieu de contamination

"Ces propos, de nature à dégrader l’image des transports publics, sont pourtant contredits par de nombreuses études", rappelle l'UTP.

Pour autant, une large majorité des personnes interrogées déclarent qu’elles prendraient plus souvent métros, bus ou RER s’ils étaient plus fréquents (84%) ou s’ils circulaient sur des territoires plus étendus (77%).

Financièrement, l'UTP estime que la persistance de la crise en 2021 va se traduire par de nouvelles pertes de recettes commerciales, de l’ordre de 20% par rapport à 2019, soit 300 millions d’euros pour le transport urbain de province. En Ile-de-France, elles seraient de l’ordre de 380 millions d’euros. Pour l’Île-de-France et la province, on estime le total les pertes de recettes commerciales de 2020 et 2021 à 2,28 milliards d’euros.

"La crise sanitaire a fragilisé l’économie des transports publics et ferroviaires, pourtant ces deux secteurs d’activité sont une réponse à nos problématiques d’environnement, de qualité de vie, d’inclusion sociale et d’économie", commente Claude Faucher, délégué général de l’UTP.

Essor des modes de déplacements actifs

Du côté de la voiture, selon une étude d'Odoxa pour BMW relayée par Le Parisien, 60% des Français se déplacent moins qu'avant la crise sanitaire et 42% disent moins utiliser leurs véhicules, un chiffre qui monte à 57% à Paris et dans la petite couronne.

Pour ceux qui utilisent leur voiture, 28% constatent des conditions de circulation difficiles et 27% déplorent la durée de leurs déplacements. L'étude de l'UTP confirme ce repli de la voiture.

"Les confinements et les restrictions de déplacement pendant la crise sanitaire se sont traduits par une baisse générale de la mobilité des Français avec une baisse de 19% pour les véhicules particuliers", peut-on lire.

A l'inverse, l’usage des "modes de déplacement actifs" sont en progession: celui du vélo, par exemple, a augmenté de 27% (année 2020 hors période de confinement et même période en 2019). Pour autant, ces modes, notamment la marche et le vélo, sont surtout utilisés en cœur de métropole. Malgré leur progression, leur part modale reste modeste.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business