Urban Outfitters fait appel à un mannequin grande taille mais ne vend rien au-delà du 42

Barbie Ferreira, mannequin grande taille mis en avant par la marque Urban Outfitters, à New York en septembre 2016 - Andrew Toth-AFP
Un mannequin grande taille... pour des vêtements ne dépassant pas la taille 42. La nouvelle campagne d'Urban Outfitters voulait mettre l'accent sur la diversité en faisant appel à des profils atypiques. "C'est la nouvelle année, nous avons réuni les nouveaux visages qui inspirent notre style et défient les idées préconçues", annonçait début janvier la marque de vêtements sur son site internet, évoquant "des artistes, des activistes, des musiciens et des écrivains".
Parmi ces 16 nouveaux visages, le modèle transgenre Hari Nef, et Barbie Ferreira, mannequin américain "curvy". La jeune femme âgée de 20 ans, connue pour dénoncer les diktats de la beauté et refuser que ses photos ne soient retouchées, a salué le choix de la marque.
Mais comme l'a remarqué le site féminin Revelist, pas la peine de chercher le tee-shirt porté par Barbie Ferreira dans les magasins de l'enseigne: il n'existe pas. La marque ne propose des vêtements que jusqu'à la taille 42, soit L aux États-Unis.
Or, le tour de taille de Barbie Ferreira mesure un peu plus de 85 centimètres - selon ses mensurations communiquées par son agence - alors que le tee-shirt d'Urban Outfitters se limite à 79 centimètres. Pareil pour les hanches: 120 centimètres pour la jeune femme, contre 103 maximum pour Urban Outfitters.
Une démarche "hypocrite"
Anne-Sophie Joly, la présidente du Collectif national des associations d'obèses, dénonce un coup de communication.
"C'est hypocrite", s'indigne-t-elle auprès de BFMTV.com. "Faire appel à un mannequin au-delà de la taille 38, c'est un bon début. Mais il ne faut pas utiliser les personnes de corpulence comme des phénomènes de foire. Nous ne sommes pas des rats de laboratoire. L'obésité c'est une maladie reconnue par l'OMS, ce n'est pas un choix de vie."
Experte auprès de la Haute autorité de santé, elle regrette que ce type d'initiative se limite à une démarche marketing et ne soit pas suivi dans les actes.
"En faisant appel à un mannequin grande taille, les personnes en surpoids vont se rendre dans ces magasins, pensant y trouver des articles à leur taille. Je rappelle que la moitié des Français est en surpoids et 16% en situation d'obésité. Ce n'est pas très sain de faire ça et cela va encore faire du mal aux personnes qui font autre chose que du 42."
De précédentes polémiques
Ce n'est pas la première controverse pour la griffe. Urban Outfitters avait déjà mis en vente - puis retiré - un tee-shirt portant la mention "eat less", sois "mange moins", porté par une jeune fille filiforme.
L'enseigne américaine avait été au cœur d'une polémique début 2015 pour avoir mis en vente un tissu au motif ressemblant aux tenues que les homosexuels devaient porter dans les camps de concentration nazi durant la Seconde Guerre mondiale.
En 2014, Urban Outfitters avait également vendu un sweatshirt rose présenté comme vintage et faussement taché de sang, portant l'inscription "Kent State University", où la Garde nationale avait tiré sur des étudiants qui manifestaient en 1970, faisant quatre morts.