Une étude révèle qu'un Français sur sept ne sait pas nager
En pleines vacances d'été, le chiffre interpelle. Plus de 400 morts par noyade sont recensées tous les ans entre juin et septembre en France, révèle une récente enquête de l'agence nationale de santé publique. Elle alerte également sur le fait qu'environ un Français sur sept ne sait pas nager.
Ce week-end par exemple, huit personnes ont perdu la vie en se noyant. Trois enfants ont été retrouvés morts noyés dans un lac près de Chalon-sur-Saône, puis un bébé de deux ans à Manosque ou encore un homme de 25 ans dans un étang des Yvelines.
Manque de bassins et de maître-nageurs
Le premier frein à l'apprentissage de la natation aujourd'hui, selon les professionnels de la natation, est le manque d'équipement.
"On a, dans les grandes métropoles comme en milieu rural, un réel problème d'accès aux bassins, tout particulièrement l'été. Leur nombre est insuffisant. D'autant que beaucoup de ces équipements ont été construits dans les années 60. Lorsqu'ils ne sont pas fermés pour rénovation, ils sont vieillissants" rapporte Latif Diouane.
Ce chargé de développement Natation Santé à la Fédération française de natation (FFN), contacté par BFMTV.com, alerte sur l'importance d'avoir accès à des équipements sécurisés car surveillés.
"Si on manque de piscines publiques, les gens vont se tourner vers les plans d'eau naturels. Et s'ils n'ont pas les aptitudes nécessaires, c'est à ce moment là que les noyades arrivent."
Axel Lamotte, maître-nageur sauveteur et secrétaire général adjoint SNPMNS, atteste quant à lui d'un manque criant de personnel:
"Nous le disons depuis trente ans. On manque de maîtres-nageurs en France. Aujourd'hui 5.000 professionnels manquent sur le territoire pour apprendre à nager aux jeunes enfants. " .
Une lacune discriminante
Encore aujourd'hui, ne pas savoir nager s'avère être discriminant au quotidien. Certaines personnes restent parfois une vie entière sans savoir nager, allant jusqu'à développer une peur phobique de l'eau. Cela les prive alors de d'activités nautiques comme la voile, le canoë ou encore le surf. Mais au delà de l'aspect discriminatoire, la natation est nécessaire car vitale.
"Lorsque les températures grimpent, beaucoup de gens prennent d'assaut les plans d'eau comme les lacs, les rivières sans prendre en compte qu'il s'agit d'un milieu hostile et sans maîtriser les bons réflexes" rapporte Latif Diouane.
Acquérir des réflexes de sécurité
Et pourtant, voilà maintenant de nombreuses années que l'Education nationale met l'accent sur l'apprentissage de la natation à l'école, dès l'école primaire.
"Apprendre à nager à tous les élèves est une priorité nationale, inscrite dans le socle commun de connaissances et de compétences" stipule une circulaire de l'Education nationale.
Le ministère des sports avait lancé en 2008 un dispositif intitulé "j’apprends à nager" à destination des quartiers prioritaires de la politique de la ville ayant pour but de faciliter l’apprentissage de la natation aux enfants avant la rentrée en classe de sixième. Dix séances gratuites sont ainsi proposées sur tout le territoire français à des jeunes de 6 à 12 ans afin de leur faire découvrir l’univers aquatique en toute sécurité et ainsi éviter les noyades.
Mais ce dispositif, aussi utile soit-il, n'est pas suffisant pour Latif Diouane, car s'il "aide l'enfant à être à l'aise dans l'eau, il ne lui apprend pas à nager stricto sensu, c'est-à-dire à se propulser, à faire des rotations etc."