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Société

Un rapport parlementaire s'inquiète de la baisse des stocks de munitions de l'armée française

Des munitions en production dans l'usine Nexter de La Chapelle-Saint-Ursin (Cher).

Des munitions en production dans l'usine Nexter de La Chapelle-Saint-Ursin (Cher). - Alain Jocard - AFP

Un rapport parlementaire, rendu public le 16 décembre, alerte sur les risques pour l'approvisionnement en munitions des armées françaises depuis l'intensification des opérations militaires extérieures, notamment après les attentats.

Le rapport a été commandé à la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale il y a près d'un an, mais ses conclusions résonnent particulièrement avec l'actualité de ces dernières semaines. Les députés Nicolas Bays (Parti socialiste) et Nicolas Dhuicq (Les Républicains) sont les rapporteurs d'une enquête sur la filière munitions des armées françaises. Le rapport s'interroge notamment sur les conséquences du déploiement français au Moyen-Orient pour le stock de munitions.

Tension sur le marché des bombes

"L’intensification des frappes en Irak et en Syrie après les attentats du 13 novembre 2015 a pu laisser penser (...) que la France ne pourrait à court terme mener les opérations qu’elle entend avec ses propres moyens", explique ainsi le rapport au chapitre "Les sujets de préoccupation". Les rapporteurs précisent cependant avoir "reçu les assurances nécessaires: nos forces ont les moyens de poursuivre leur action après les frappes effectuées depuis 2014". Sans pouvoir fournir de données chiffrées, ces informations étant couvertes par le secret de la défense nationale.

De plus, en cas de pénurie importante, la France pourrait se tourner vers ses alliés ou la démarche de l'Otan de mutualisation des stocks. Problème: les États-Unis, fournisseur principal de nombreux pays, "ne pourront peut-être pas fournir tous leurs clients potentiels simultanément", s'inquiète le rapport, "une tension sur le marché des bombes [étant] observée car de nombreux pays réarment." Parmi ces pays, le Qatar, l’Arabie Saoudite ou les Émirats arabes unis, tous impliqués dans des opérations en Syrie, en Irak ou au Yémen.

Les fabricants français de munitions en difficulté

"Toute tension sur la scène internationale peut avoir des répercussions chez nous, même si nous avons plusieurs fournisseurs", a ainsi rappelé Nicolas Bays lors de l'examen du rapport par la Commission. En 2014, la situation en Ukraine a par exemple entraîné un retard des livraisons de six à sept mois. Les rapporteurs s'inquiètent donc de "l’absence de moyen industriel de production de munitions de petit calibre en France", qui oblige à se reposer sur les partenaires étrangers.

"Nous considérons que toute perte de savoir-faire affecte la souveraineté et l’indépendance de notre pays", argue Nicolas Bays, en rappelant que la production française de munitions de 5,56 mm, utilisées notamment dans les fusils d'assaut Famas, a cessé en 1999, "essentiellement pour des raisons financières".

Pourtant, selon un industriel interrogé pour ce rapport, un investissement de 100 millions d'euros suffirait pour relancer cette activité. Et rassurer sur la capacité de la France à approvisionner ses armées, en toutes circonstances.

Hélène Millard