Sanofi : « Avec 6 milliards et demi de bénéfices, ça paraît inacceptable »

Manifestation le 13 septembre 2012 à Toulouse contre des suppressions de postes chez Sanofi. - -
Les organisations syndicales le craignaient depuis début juillet, elles voient leurs doutes se confirmer. Sanofi va supprimer 900 emplois en France d’ici 2015, a annoncé mardi sa direction, « essentiellement au travers de mesures de volontariat ». C’est moins que les 1 200 à 2 500 suppressions de postes d’abord craintes par les représentants du personnel, même si le gouvernement affirme avoir réussi à limiter la casse.
« On ne peut pas laisser passer des choses outrancières »
Pierre Cohen, le maire socialiste de Toulouse, où le laboratoire pharmaceutique devrait fermer un site, en appelle maintenant à François Hollande et ses promesses. « Pendant la campagne, nous avions une promesse, parmi les propositions de François Hollande, de se poser la question et d’être contraignant vis-à-vis des licenciements dans un environnement boursier, c’est-à-dire qui permet de faire monter le niveau de la bourse ». Et il suffit de regarder les chiffres pour se rendre compte que c’est exactement la situation actuelle : « Et là, on a 6 milliards et demi de bénéfices, ça paraît inacceptable. La crise est dure, mais on ne peut pas laisser passer des choses outrancières ».
« La recherche du fric… »
Ce nouveau plan social vient donc remettre sur le tapis une éternelle question : faut-il interdire les licenciements boursiers, c’est-à-dire les licenciements dans ces entreprises qui font d’importants profits. Représentant du syndicat Sud-Chimie chez Sanofi-Recherches à Toulouse, Denis Murat est évidemment pour. « Bien sûr, s’exclame-t-il. De toute façon, mettez les deux mots à côté : licenciement, et boursier… On s’aperçoit qu’il y a là-dedans deux réalités contradictoires : d’un côté la recherche du fric, parce que c’est ça, et de l’autre, des notions sociales. Donc une loi contre les licenciements boursiers, bien évidemment il en faut une, au-delà du cadre de Sanofi », plaide le syndicaliste.
« On ne pourrait même pas définir ce qu’est un licenciement boursier »
Président régional du Medef Midi-Pyrénées, Daniel Thébaud s’oppose en revanche vigoureusement à l’idée qui n’aurait, selon lui, « aucun sens ». « On ne pourrait même pas, je pense, définir ce qu’est un licenciement boursier », plaide-t-il. Certes, il affirme qu’il préfèrerait les éviter, mais une loi serait trop complexe. « Je suis toulousain moi-même, et je suis vraiment désolé que le site de Sanofi puisse fermer. Mais au-delà de cette vision de proximité, il faut bien voir qu’on ne peut pas légiférer sur tout, et pour moi, une loi ne réglerait rien. Ca me semble même être une usine à gaz impossible à mettre en place au niveau du gouvernement ».