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Restaurants, plages privées... SOS Racisme épingle des lieux touristiques pour pratiques discriminatoires

Des personnes sur la plage, à Cannes (Côté d'Azur), le 14 mai 2023.

Des personnes sur la plage, à Cannes (Côté d'Azur), le 14 mai 2023. - VALERY HACHE / AFP

À l'issue d'une campagne de "testing", SOS Racisme pointe les discriminations pratiquées par des restaurants, boîtes de nuit ou encore plages privées. L'association compte déposer plusieurs plaintes.

Été après été, les comportements racistes perdurent sur les lieux de vacances. SOS Racisme a dévoilé samedi les conclusions d'une enquête réalisée sur 56 plages privées, bars, restaurants et boîtes de nuit dans 13 villes de France, essentiellement en bord de mer, dans le but d'identifier de potentielles pratiques discriminatoires.

"Il a été découvert que près d'un établissement sur six a pratiqué une différence de traitement fondée sur l’origine réelle ou supposée des personnes", précise l'association dans son rapport.

Méthode du "testing"

Pour mettre au jour des différences de traitements racistes, SOS Racisme a fait usage d'une méthode, le "testing", qu'elle mobilise régulièrement depuis les années 1990 pour démontrer les "discriminations raciales, qui sont souvent non revendiquées et difficilement prouvables", explique-t-elle. Hermann Ebongue, secrétaire général de l'association, détaille son fonctionnement à BFMTV.com.

Un premier "groupe test" de deux personnes "à l'apparence maghrébine ou noires", qui forment souvent un faux couple, se rend dans le lieu d'expérimentation choisi, sur la base de signalements par des visiteurs ayant dénoncé des discriminations par le passé. Ensuite, un "groupe contrôle" composé de "deux personnes blanches" essaie à son tour d'y accéder.

Les observateurs de SOS Racisme notent alors les potentielles différences: par exemple, une table de restaurant attribuée aux blancs alors qu'on disait aux non-blancs qu'elles étaient toutes réservées ou des emplacements plus éloignés de l'eau sur les transats sur une plage privée.

"Les groupes sont très homogènes, ils sont bien habillés, de la même façon... Ce qui fait que le seul critère de discrimination ne peut être que la couleur de peau", précise Hermann Ebongue.

Les deux groupes sont par ailleurs équipés de caméras et de micros cachés "pour fournir des preuves à la justice", préside le responsable, qui annonce que son association "va porter plainte pour tous les lieux qui ont eu des pratiques discriminatoires". SOS Racisme demande par ailleurs que soient décidées des "fermetures administratives pour troubles à l'ordre public" à l'encontre de ces lieux.

Demande des formations des professionnels

Ces tests sont une manière de pointer le problème persistant du racisme dans les endroits où les personnes passent leurs vacances mais SOS Racisme ne veut pas "tout judiciariser". L'association recommande ainsi qu'avant chaque été, les autorités politiques et/ou administratives "réunissent l'ensemble des représentants du personnel du tourisme et des établissements concernés" par des discriminations racistes pour leur rappeler que ce genre d'inégalités de traitement "constitue un délit".

"Nous tendons aussi la main avec des modules de formations que nous dispensons déjà dans le secteur de l'immobilier", explique Hermann Ebongue.

Plusieurs autres propositions sont formulées à l'issue cette nouvelle enquête, dont des panneaux "visibles et lisibles [rappelant] l'interdiction formelle de toute forme de discrimination" accompagnés des numéros de téléphone des autorités, des "campagnes d'affichage et de sensibilisation" dans les villes et les lieux de vacances et la systématisation de la qualification de "discrimination raciale" par les magistrats.

Glenn Gillet