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Rafle des enfants d'Izieu: un rescapé se souvient

Photo des enfants de la Maison d'Izieu, peu avant leur déportation le 6 avril 1944.

Photo des enfants de la Maison d'Izieu, peu avant leur déportation le 6 avril 1944. - -

TEMOIGNAGE BFMTV - François Hollande est ce lundi à la Maison d'Izieu, dans l'Ain, pour commémorer le 71e anniversaire de la rafle par la Gestapo des 44 enfants juifs qui y avaient trouvé refuge, avant de disparaître dans les camps de concentration. Samuel Pintel, rescapé de la rafle, témoigne en mémoire de ceux qui n’ont pas eu sa chance.

En présence notamment d'une dizaine de rescapés, le chef de l'État François Hollande est en visite, ce lundi matin, à la Maison d'Izieu, dans l'Ain, pour commémorer le 71e anniversaire de la rafle par la Gestapo des 44 enfants juifs qui y avaient trouvé refuge, avant de disparaître dans les camps de concentration. Ancien pensionnaire de la colonie, Samuel Pintel fait partie des quelques miraculés. Il témoigne au micro de BFMTV en mémoire de ceux qui n’ont pas eu sa chance.

En novembre 1943, Samuel Pintel a sept ans. Il échappe de justesse à une rafle. Sa mère est arrêtée. Lui se retrouve à Izieu, dans cette maison qui recueille des enfants juifs.

"Ma mère m’avait dit : 'Surtout tu ne dis pas que tu es juif'"

Samuel Pintel se souvient de cet hiver difficile. "C’était un jeudi, pas classe. Nous sommes arrivés dans l’indifférence générale, et particulièrement ébranlés par ce qui nous était arrivé. Mais on s’est insérés", témoigne-t-il. Les garçons dorment dans une grange, dans des conditions spartiates. "C’était des lits en bois avec des paillasses, sacs de couchage. Sans chauffage", détaille-t-il encore.

Mais ce lieu est l’un des derniers refuges de la France occupée. Entre mai 1943 et avril 1944, une centaine d'enfants orphelins y ont été accueillis, dont certains ont ensuite été pris en charge par des familles d'accueil.

"Ma mère m’avait dit si un jour nous sommes séparés, surtout tu ne dis pas que tu es juif. Et je ne disais pas que j’étais juif. Et j’étais persuadé que j’étais le seul enfant juif de la colo, parce qu’on ne parlait pas de ça, à cette époque", rapporte-t-il.

Recueillis par des Résistants, Sabine et Miron Zlatin

La colonie est dirigée par un couple: Sabine Zlatin, une résistante juive d'origine polonaise, et Miron Zlatin.

"Je dois mon salut à ces personnes. Madame Zlatin, la directrice, et Miron Zlatin".

Ce dernier "s’occupait de tout: le ravitaillement, l’économat, la comptabilité, les transferts d’enfants. C’était un type épatant", le salue Samuel Pintel.

Fin janvier 1944, Samuel est récupéré par les voisins de ses parents, qui vont le cacher. Un sauvetage in extremis, car le 6 avril, sur ordre de Klaus Barbie, la Gestapo arrête les 44 enfants présents, âgés de 4 à 12 ans, et leurs éducateurs, juifs également. Ils seront assassinés à Auschwitz.

V.R. avec Nicolas de Labareyre