BFMTV
Société

Pourquoi les enseignants font-ils grève ce jeudi?

placeholder video
Suppressions de postes, étudiants-enseignants, devoir d'exemplarité... Les enseignants descendent à nouveau dans la rue ce jeudi, afin de protester contre le projet de loi de Jean-Michel Blanquer pour une école de la confiance

Les enseignants se mobilisent ce jeudi contre la réforme de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation, pour une école de la confiance. "La colère est forte contre ce projet de loi fourre-tout qui non seulement ne répond pas aux défis posés à l’école, mais envisage de la bouleverser", écrit le syndicat SNUipp FSU dans un communiqué.

D'après les premiers chiffres des syndicats, au moins un enseignant sur quatre sera en grève ce jeudi en France, avec des pics de grévistes à "70% à Paris, à 45% dans l’Oise en passant par 40% en Loire-Atlantique ou en Haute-Garonne, ou 60% dans les Hauts-de-Seine".
  • La peur des EPSF

La critique des "Établissements publics des savoirs fondamentaux", des structures regroupant écoles et collèges sous une seule autorité, revient fréquemment sur le tapis. Les syndicats et enseignants y voient la mise sous tutelle des écoles et la disparition des directeurs d'école. "C'est très grave parce que les familles ont besoin de ces interlocuteurs", déclare Laurie, professeur des écoles à Paris, sur BFMTV.

Dans une lettre adressée aux enseignants, Jean-Michel Blanquer a toutefois garanti le "maintien de la fonction de directeur d'école" et que les EPSF dépendront de "l'accord de la municipalité et du conseil d'école" et reposeront donc sur le volontariat.
  • La réforme du baccalauréat

Quelque 2.600 postes seront supprimés l'an prochain au collège et au lycée et environ 1.900 seront créés dans le primaire, ce qui inquiète les enseignants, notamment avec la réforme du baccalauréat.

Avec la création d'options au baccalauréat, "il va falloir ouvrir des groupes supplémentaires pour les enseignements où il y aurait beaucoup de demandes, et on n'a pas les moyens de faire ça pour l'instant", déclare Mélanie Herment, professeure d'anglais, sur BFMTV.

Pour, entre autres, palier ce manque d'enseignants, le ministère de l'Éducation compte permettre aux étudiants d'enseigner alors qu'ils préparent le concours. "Ils vont se retrouver dans les classes sans formation (...) Enseigner est un métier qui s'apprend, c'est la condition de réussite des élèves", écrivent les syndicats.

Manque d'indépendance et de liberté d'expression

Les manifestants protestent également contre la création du Conseil d'évaluation de l'école, dont plusieurs membres sont directement nommés par le ministre. Ils dénoncent un manque d'indépendance de cet organisme, notamment quand la loi prévoit un "devoir d'exemplarité des enseignants". Eux y voient une volonté de "museler" leur liberté d'expression.

Est également posé sur la table l'instruction obligatoire dès 3 ans, alors que 97,6 % des 3 ans sont déjà scolarisés, selon les syndicats. Pour eux il s'agit d'un cadeau fait au privé, à la suite d'une obligation de financement de ces écoles privées.

Le projet de loi de l'école pour la confiance a été voté par l'assemblée nationale, et doit passer le mois prochain au Sénat. Les enseignants aimeraient le voir retoqué ou abrogé.

Salomé Vincendon