"On a voulu dire stop": un maire du Vaucluse justifie sa démission après l'agression d'un conseiller municipal

Une décision radicale mais assumée. Ce lundi, le maire de Lauris, commune du Vaucluse, a annoncé sa démission, ainsi que celles des conseillers municipaux de son groupe. Au total, sur une équipe de 27 élus, ils sont 23 à quitter leur poste, un acte motivé par l'agression de l'un des conseillers par un habitant la semaine dernière.
Sur BFMTV ce mardi matin, l'édile a de nouveau justifié sa démission. "C’est un événement exceptionnel, on a voulu mettre le stop", commence André Rousset, qui tient toutefois à rappeler que sa commune, située à une trentaine de kilomètres d'Avignon, est "un village paisible".
"On n’a pas voulu être envahi par la gangrène de la violence, on a voulu marquer le coup. Le conseil municipal s’est levé d’un seul homme pour dire 'non'", ajoute-t-il.
Appel de l'Élysée
Comme l'explique encore André Rousset, la décision de cette démission massive a été prise après une réunion tenue lundi, à laquelle ont participé plusieurs élus du Vaucluse qui ont eux-mêmes été agressés.
"Tout est parti de là, beaucoup d’élus sont agressés. On a parlé, et il y a eu une traînée de poudre jusqu’à l'Élysée, qui m’a appelé", souligne-t-il.
Un appel du palais présidentiel qui a du mal à calmer la colère du maire démissionnaire. "Plutôt que de m’appeler j’aimerais qu’on retravaille ensemble. Ici on est les fantassins de la République, il n’y a plus de service public, on fait face à la population", ajoute-t-il.
André Rousset n'en est pas à son premier coup d'éclat. En 2019, afin de s'entretenir sur le sujet de la fermeture programmée du centre de soins Roquefraîche avec la ministre de la Santé d'alors, Agnès Buzyn, le maire avait décidé de rejoindre Paris en courant, soit 800 kilomètres.
"J’en ai fait 150 avant qu’elle ne m’appelle", se rappelle sur BFMTV celui qui, en 2022, avait également entamé une grève de la faim contre la loi SRU et l'obligation de bâtir des logements sociaux. "Je suis un jusqu'au-boutiste", se définit ainsi l'homme de 72 ans.
"Je ne suis pas le seul"
Thierry Dernis, le conseiller municipal agressé, a également pris la parole à notre micro. Choqué, il assure avoir porté plainte et garde un arrière-goût amer des événements. "Je suis connu je pense pour ma bienveillance, je rends service aux gens", dit-il.
"C’est frustrant, ça fait bizarre. On en prend conscience quand soi-même on est agressé, qu’on n'est pas tout seul dans ce cas-là. Je ne suis pas le seul", se désole-t-il.
Ces faits se produisent dans un contexte de recrudescence des violences à l'égard des élus. La préfète du département, Violaine Demaret, a dit dans un communiqué sa détermination "à protéger les élus dans le cadre de leur fonction et à sanctionner les personnes qui viendraient à les agresser".
Elle a rappelé les mesures portées mi-mai par le gouvernement, qui pourraient faire l'objet d'une loi en fin d'année visant notamment à renforcer les peines pour les atteintes vis-à-vis d'élus en les faisant passer de trois à sept ans d'emprisonnement et de 75.000 à 100.000 euros d'amende.