Montpellier: une femme voilée éconduite d'un magasin Etam, la responsable du magasin mise à pied

La vitrine d'une boutique Etam (Photo d'illustration). - Flickr - CC Commons - Michael Coghlan
"Vous devez enlever votre voile avant de rentrer. Je suis désolée, mais je n’accepte pas les voilées", aurait répondu la responsable d'un magasin Etam à une jeune femme voilée d'un hijab qui souhaitait déposer sa candidature.
Ce mardi, une étudiante de Montpellier a publié une vidéo relayée plus de 160.000 fois sur les réseaux sociaux (Twitter et Instagram) dans laquelle elle raconte avoir été victime de discrimination à l'embauche dans un magasin Etam de Montpellier. La jeune femme dit vouloir porter plainte.
"Vous êtes voilée et vous me demandez un travail..."
Dans la vidéo, cette jeune femme raconte s'être rendue dans le magasin de prêt-à-porter de Montpellier en vue d'y déposer une candidature et un CV. Mais une fois sur place, la responsable de la boutique Etam lui aurait lancé, véhémente: “J’espère que c’est une blague, vous n’êtes pas sérieuse ? Vous êtes voilée et vous me demandez un travail, alors que c’était la journée de la femme il y a même pas deux jours !”.
“Déjà, vous ne vous présentez pas comme ça dans mon magasin pour demander une embauche", aurait poursuivi la gérante. "Vous devez enlever votre voile avant de rentrer. Je suis désolée, mais je n’accepte pas les voilées.”
La vidéo de l'étudiante, partagée à maintes reprises, a créé l'indignation sur les réseaux. Depuis, un hashtag #BoycottEtam a même été lancé par des internautes, afin d'appeler au boycott de la marque. Et dans la foulée, le directeur général du groupe Cédric Taravella, s'est saisi de l'affaire et a réagi publiquement sur Twitter.
"C’est contraire à nos valeurs"
"Je viens de prendre connaissance de ce qui s’est passé dans notre magasin. Sachez que chez Etam, nous comprenons votre émotion et sommes désolés de ce qui s’est passé. C’est effectivement contraire à nos valeurs", écrit-il.
Contactée par nos confrères du Parisien, l'enseigne Etam a assuré avoir "mis à pied à titre conservatoire" la responsable du magasin de Montpellier et décidera des mesures appropriées à la lumière de l’enquête interne en cours".

"En matière de recrutement, Etam a toujours respecté une stricte politique de non-discrimination à l’embauche", ajoute la marque en réponse au Parisien.
"Etam a décidé de renouveler la sensibilisation de leurs équipes, par une formation de leurs responsables de magasins, à la question du recrutement tel qu’il doit se dérouler chez Etam. Enfin, dans son règlement intérieur, conformément à la loi El Khomri de 2016, Etam adopte un principe de totale neutralité politique, philosophique et religieuse", précisent-ils encore.
Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui a été "saisi dans le cadre de cette affaire, a promis de "faire toute la lumière sur ce qui s'est passé". "L'islamophobie est une réalité et un délit et nous ferons valoir les droits de cette jeune femme", affirme le CCIF dans un message publié sur sa page Facebook.
Si le voile est interdit dans le secteur public par principe de neutralité religieuse, cela est plus nuancé dans le privé. Le code du travail précise qu'une entreprise privée peut interdire à ses salariés le port visible de tout signe politique, philosophique ou religieux dans le cas où cette interdiction "est justifiée par la nature de la tâche à accomplir et proportionnée au but recherché".