Menacée par des dealers à Saint-Denis, elle témoigne: "ils ont envie qu'on parte"

Nathalie habite Saint-Denis depuis 20 ans. Elle a toujours fait face aux dealers et guetteurs qui gangrènent le quartier mais subit aujourd'hui les représailles des trafiquants pour avoir dénoncé les trafics de drogue au pied de son immeuble. Photos à l'appui, elle montre les dégâts infligés par les dealers à sa voiture.
"Là vous voyez, ils m'ont crevé les huit pneus des voitures, il y avait la mienne et celle que je venais d'acheter pour mon fils. Plus les vitres de la nouvelle voiture", explique cette habitante de Saint-Denis.
"Je pense qu'ils ont envie qu'on parte. Mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est qu'on est dans la même situation qu'eux. Si on était riches, on ne serait sûrement pas là", ajoute-t-elle.
"On ne peut pas être en paix chez soi"
Nathalie fait partie des "baveuses", comme les appellent les dealers. Ces femmes qui osent parler notamment dans les médias et qui sont victimes d'intimidation.
"Il y en a une autre, elle s'est fait menacer directement. On lui a dit qu'on allait la frapper, qu'on allait la crever, qu'on aller la brûler", rapporte Nathalie.
Ces menaces seraient plus nombreuses depuis la mobilisation de parents d'élèves. Depuis plusieurs mois, des parents forment régulièrement des chaînes humaines pour protéger symboliquement les écoles et dénoncer les trafics. Certaines familles, menacées, demandent maintenant à être relogées. Nathalie pense aussi à partir.
"Je ne vois pas comment on va s'en sortir à part batailler tous les jours, faire en sorte de me garer à l'autre bout du monde, de faire en sorte de faire attention. Je ne dors pas tranquillement parce que je me dis, qu'est-ce qu'ils vont trouver à me faire pour m'intimider? (...) Au quotidien c'est du stress, c'est des cris, on ne peut pas être en paix chez soi", poursuit cette mère de famille.
Lassée, elle dénonce aujourd'hui l'impuissance de l'Etat et des forces de l'ordre. "On se rend bien compte qu'il n'y a personne pour nous aider. La police peut passer 100 fois par jour, au final on reste dans la même situation. Ils voient bien que la mairie même si on les appelle à l'aide, jusqu'à présent rien ne s'est passé. Ils voient bien que le bailleur s'en lave les mains", regrette-t-elle.
De son côté la mairie de Saint-Denis assure que des solutions "devraient être proposées aux familles menacées".