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Société

Mayotte: plus de 1000 étrangers chassés de leur domicile depuis janvier

Des habitants chassés de leur domicile se sont rassemblés sur la place de la Républque de Mamouzou, chef-lieu de Mayotte.

Des habitants chassés de leur domicile se sont rassemblés sur la place de la Républque de Mamouzou, chef-lieu de Mayotte. - Ornella Lamberti - AFP

Plus d'un millier d'étrangers, pour la plupart des Comoriens en situation régulière ou non, ont été expulsés depuis janvier de leur domicile par des collectifs d'habitants de diverses communes de Mayotte, qui les accusent de "vols, agressions et meurtres".

Ce mercredi à Mayotte, les premières expulsions, annoncées à l'avance, ont eu lieu dans le sud de l'île, mais d'autres opérations sont prévues dans le nord. A chaque fois, d'importants dispositifs de gendarmerie sont mis en place pour contenir d'éventuels débordements. Depuis le début de l’année, plus d’un millier d’étrangers ont été expulsés de chez eux sur l’île. Ces chiffres ont été communiqués ce mercredi par l'antenne mahoraise de la Cimade, association nationale de défense des droits des étrangers.

Environ 500 expulsés samedi et dimanche

Près de 500 étrangers chassés de leur domicile par des habitants de Mayotte durant le week-end ont passé dehors les nuits de dimanche et lundi, ont indiqué mardi des associations tentant de les reloger. Depuis dimanche, la place de la République de Mamoudzou, le chef-lieu de l'île est occupée par des centaines de familles, la plupart d'origine comorienne en situation régulière sur le territoire, qui ont été délogées de force par des collectifs d'habitants des communes du sud et du nord de Mayotte.

Ces collectifs appellent à chasser les "étrangers" de leurs villages, selon le tract du collectif du village de Kani-Kéli. Ils accusent "l'immigration clandestine" de "vols, agressions et meurtres au quotidien" (selon le collectif des citoyens de la commune de Bouéni).

Cazeneuve et la préfecture condamnent les violences

Dans un communiqué commun publié mardi soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin ont condamné "les violences commises ces derniers jours à Mayotte à l'encontre de familles, ayant par ailleurs conduit à la destruction de leurs habitations". "De tels comportements n'ont pas leur place dans la République. Tous les individus impliqués, dont l'enquête devra établir l'identité, devront rendre compte de leurs actes devant la justice", ont-ils affirmé.

Mardi soir également, la préfecture a fermement condamné "les événements qui se sont déroulés dans plusieurs communes de l'île ce week-end et ont conduit à l'expulsion de familles et à la destruction de bangas" (habitations de fortune, en tôle ou en terre). Elle a également informé de la tenue d'une réunion mardi soir en présence de l'association des maires afin "d'examiner la situation de ces familles".

Les associations prennent le relais

De nombreuses associations mahoraises se sont mobilisées depuis dimanche pour recenser les personnes expulsées: 527 personnes sont dans l'attente d'un relogement d'urgence, selon le dernier recensement effectué mardi à 13 heures (heure locale) sur la place de la République. La Croix-Rouge a fait don d'une citerne d'eau potable et de nombreux habitants de Mayotte ont apporté nourriture, médicaments et produits de première nécessité pour enfants. En outre, un médecin bénévole est venu porter secours aux personnes expulsées.

18.000 reconduites à la frontière en 2015

Mayotte, qui compte 40% d'étrangers, connaît une forte pression migratoire des îles voisines des Comores, ce qui contribue aux tensions communautaires. L'Etat a reconduit à la frontière plus de 18.000 personnes en 2015. En outre, l'immigration clandestine a un impact sur le système de santé et les écoles de Mayotte, complètement saturés. Parmi ces expulsés figurent des clandestins, mais également des étrangers en situation régulière.

la rédaction avec AFP