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Maternités parisiennes : pourquoi ça coince ?

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L'incident de Port-Royal, où une femme a perdu son bébé in utero faute de place à la maternité, relance le débat sur les maternités en France et plus précisément à Paris.

Après le drame de Port-Royal à Paris, une femme renvoyée chez elle deux fois, ce week-end, faute de place à la maternité a perdu son bébé in utero, la ministre de la Santé a demandé une "enquête complète". Ce cas soulève des questions sur le fonctionnement des maternités en France dans les hôpitaux parisiens de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). BFMTV.com fait le point sur l'encombrement de ces maternités.

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> Moins de maternités et plus de naissances

Depuis 1975, le nombre de maternités a été presque divisé par trois, passant de 1.370 à 535 en 2010. Le nombre de naissances est lui passé de 736.000 en 1975 à 822.000 en 2012.

Mais selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) malgré la fermeture des maternités à faible activité, le temps d’accès est resté stable, entre 2001 et 2010. La moitié des femmes mettent ainsi moins de 17 minutes pour aller accoucher. Des disparités persistent cependant entre les départements.

On se souvient d'un accident, en novembre dernier, qui avait relancé la polémique sur les maternités en France. Une femme avait perdu son bébé en se rendant à la maternité de Brive, à plus d’une heure de son domicile.

> La classification des maternités mise en cause

Depuis 1998, les maternités sont classées selon trois niveaux. Celles de niveau 1 ne disposent pas d'unité d'hopitalisation des nouveaux-nés, celles de niveau 2 ont un service de néonatologie ou de soins intensifs, et enfin celles de niveau 3 sont équipées d'un service de néonatologie et de réanimation néonatale.

Or même les patientes qui présentent une grossesse normale préfèrent, dans un souci de sécurité, accoucher dans des établissement de niveau 2 ou 3, délaissant les niveau 1. Le Dr Bertrand de Rochambeau, du syndicat des gynécologues obstétriciens met ainsi l'accent sur les dérives de cette classification. Elle a modifié, selon lui, "le flux des patients", et conduit les patientes à se détourner des "maternités de bases" qui suffisent pourtant "pour faire accoucher 98% des patientes".

Un système pointé du doigt par Patrice Pelloux, qui dénonçait lundi matin sur BFMTV, à la fois le faible nombre de maternités en France et "l'élitisme" des "pôles d'excellence" opposés aux "petites maternités". "Il y a une espèce de sélection qui s'est faite" regrette l'urgentiste qui préconise de "réouvrir des maternités et dire qu'on va faire l'excellence partout". Selon une enquête de la DREES, on assiste en effet à un phénomène de concentration des établissements. La baisse du nombre d'établissements de type 1 n'a pas été compensée par l'augmentation de maternités de type 3, qui se trouvent parfois submergées.

"On ne peut pas avoir des établissements qui soit-disant sont capables de faire tout, et d’autres établissements qu’on discrédite. On aboutit à un profond déséquilibre" souligne de son côté Jean Marty, président du syndicats des gynécologues obstétriciens, sur BFMTV.
On ne peut pas avoir des établissements qui soit disant sont capables de faire tout et d’autres établissements qu’on discrédite. On aboutit à un profond déséquilibre. souligne Jean Marty, président du syndicats des gynécologues obstétriciens.

> Un manque de personnel

De leur côté, les syndicats dénoncent un manque de personnel. Selon la CGT, ces 5 dernières années, 4.000 emplois ont déjà été supprimés. 1.000 autres doivent suivre en 2013. Christophe Prud’homme, de l’association des médecins urgentistes, pointait lui aussi lundi sur BFMTV le manque d’effectifs, prédisant d'autres accident dans "ces usines à bébés”.

Pour Ian Brossat, élu PCF au Conseil de Paris, l'AP-HP est "malade de ses économies". "Cela fait des années que l'AP-HP a décidé d'exercer une série de coupes, une série d'économies". L'AP-HP doit poursuivre ces coupes en 2013 et faire 150 millions d'économies supplémentaires.

Magali Rangin