BFMTV
Manifestations

Comment sont structurés les services d'ordre syndicaux

placeholder video
Les services d'ordre des syndicats seront particulièrement scrutés lors de la manifestation jeudi après les débordements de mardi dernier.

Entre le cortège et les policiers, ils sont reconnaissables à leur brassard rouge. Les services d'ordre (SO) syndicaux seront particulièrement scrutés dans les défilés jeudi. Certains avaient en effet été aperçus avec des battes de base ball, des bâtons, des lunettes et des casques d'escalade mardi, une première depuis le début de la mobilisation contre la loi travail en mars.

Et ils se sont ainsi attirés les foudres de certains manifestants criant: "SO collabos!", "SO, police: même combat"…

Qui sont-ils?

Ce sont des militants, salariés d'entreprises, et ils ne sont pas payés pour cette mission et son peu formés.

La principale mission des SO est l'encadrement des cortèges. En théorie, chaque syndicat assure la sécurité de la partie du défilé qui le concerne, ce qui explique que les queues de cortège moins syndiquées sont régulièrement le théâtre des débordements. FO et la CGT composent le gros des troupes lors des manifestations. Sud Solidaires organise aussi son service d'autoprotection, c'est une obligation légale.

"Quand on déclare une manifestation à la préfecture, c'est marqué noir sur blanc que les organisateurs doivent fournir un service d'ordre pour assurer le bon déroule de la manifestation", explique à BFMTV Frédérique Bodin, responsable du service d'ordre de Solidaires.

Le document de dépôt de déclaration d'une manifestation -sorte d'autorisation signée par la préfecture de police avant chaque manifestation - indique que les organisateurs "s'engagent à prendre toutes les dispositions" pour "assurer le bon déroulement jusqu'à complète disparition". Les SO l'interprètent comme une autorisation à s'équiper, souligne un responsable.

Les syndicats lient les violences dont ils ont fait l’objet le 12 mai dernier à un communiqué de la préfecture de police de Paris diffusé la veille, indiquant qu’une rencontre avait eu lieu entre les deux parties "afin d’apporter le maximum de sécurité et de garantir le bon ordre de cette manifestation". Ces réunions sont courantes avant chaque manifestation, mais jamais la préfecture n’avait communiqué à ce propos, soulignent les syndicats.

Trop offensifs mardi?

"Le 'matériel divers et varié' était là pour un effet dissuasif. Tout ce qu'on souhaite, c'est manifester contre la loi travail et qu'on arrête de nous traiter de 'collabo'", expliqué un responsable SO à l'AFP.

Mais Solidaires dénonce l'apparence plus qu'offensive, du service d'ordre de Force ouvrière mardi. Un service d'ordre prêt à en découdre alors que des heurts avaient éclaté la semaine dernière avec des groupes de manifestants autonomes. Lors de la manifestation du 12 mai, les services d'ordre avaient été conspués et avaient reçu des projectiles, dont des pavés. Bilan, dix blessés à la CGT et trois chez FO, selon les syndicats. Dans leurs communiqués respectifs, la CGT et FO ont soutenu le comportement des services d'ordre mardi.

Les SO pris à partie, c'est nouveau?

Pour l'historien Michel Dreyfus, la prise à partie de syndicalistes dans les manifestations n'est pas tout à fait nouvelle. "On a déjà vu de situations pareilles en 1968. Ça montre surtout les difficultés qu'a la CGT actuellement. A la fois elle veut pousser le mouvement, et à la fois il faut que ça suive", explique le directeur de recherche au Centre d'histoire sociale du XXe siècle.

Le risque pour les syndicats est que cette drôle d'ambiance freine l'envie des salariés de venir battre le pavé

K. L. avec Maxime Cogny, Océane Goanec et Alexia Ferret