Les enfants, les autres victimes des violences faites aux femmes

Le 3919, numéro spécialisé pour l'écoute des femmes battues, a reçu près de 24.000 appels en 2013. Un nombre en augmentation sur les 10 derniers mois de 2014. - Jacques Demarthon - AFP
Les violences contre les femmes frappent aussi les enfants. Alors que ce mardi est marqué par la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le rapport du réseau Solidarité femmes pour 2013 dresse un constat préoccupant.
L'appel, un premier pas
Près de 24.000 appels ont été passés l'année dernière au 3919, une plateforme dédiée à l'écoute des femmes victimes de violences conjugales. Ces données alarmantes sont même en augmentation de 30% sur les dix premiers mois de 2014.
"L'appel, anonyme, est un point d'entrée", a expliqué à Adrien Ricciardelli, responsable de la plateforme. "Pousser la porte d'une association peut en effet être difficile pour un premier contact, car souvent les sentiments de honte ou de peur sont très forts".
La protection des enfants
La Fédération nationale Solidarité femmes a également lancé sa nouvelle campagne, lundi en présence de la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard. L'accent a été mis cette année sur la protection des enfants.
"Exposés ou maltraités directement, les enfants sont toujours victimes", rappelle Françoise Brié, porte-parole de Solidarité femmes.
33 enfants tués en 2013
En 2013, 33 enfants ont été tués dont 13 en même temps que leur mère par son partenaire, tandis que deux femmes enceintes sont décédées. Selon le rapport du 3919, au moins 12% des femmes ayant appelé ont des enfants subissant des maltraitances directes.
Une vingtaine d'écoutantes, uniquement des femmes, sont disponibles à ce numéro sept jours sur sept. Elles permettent ainsi aux victimes de violences de la part de leur conjoint ou de leur ex-conjoint de verbaliser leur situation, souvent pour la première fois, auprès d'un professionnel.
Elles sont psychologues, juristes ou assistances sociales et formées en continu pour répondre aux femmes qui les contactent.
"On laisse la personne s'exprimer, parler de la nature des violences, de la présence de certains éléments médicaux et juridiques qui donnent une idée de la situation", détaille Emilie, assistante juridique de formation et salariée de la plateforme.
Aiguiller les victimes de violences conjugales
"Nous allons aiguiller la femme vers telle démarche ou telle association, mais à aucun moment nous ne la poussons à faire quoi que ce soit, elle doit se sentir très libre", ajoute Emilie. La victime tarde souvent à se manifester car des périodes "d'accalmie" interviennent généralement entre des épisodes violents, précise-t-elle, évoquant de nombreux cas de violences "ni quotidiennes, ni physiques".
Chaque année, la Fédération nationale met aussi des logements à disposition de 6.500 victimes de violences conjugales. "Mais cela ne représente que 10 à 30% des demandes", souligne Françoise Brié, alors que le réseau demande un effort gouvernemental supplémentaire sur cette question.
Entre 250 et 300 appels quotidiens