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Société

La robe: le phénomène éclairé par trois études scientifiques

A gauche: diffusée sur le web, la photo de la robe avait divisé les internautes en deux camps distincts fin février: ceux qui la disaient bleue et noire, et ceux qui pensaient qu'elle était blanche et dorée. A droite, la robe originale.

A gauche: diffusée sur le web, la photo de la robe avait divisé les internautes en deux camps distincts fin février: ceux qui la disaient bleue et noire, et ceux qui pensaient qu'elle était blanche et dorée. A droite, la robe originale. - Caitlin McNeill - Tumblr

Certains l’ont vue bleue et noire, d’autres blanche et dorée. La fameuse robe était bien bleue et noire, a fini par révéler sa créatrice après de longues heures d’intrigue. Trois études scientifiques reviennent sur le phénomène qui a failli casser Internet.

La robe bleue et noire (vous l’aviez vue blanche et dorée ?) refait parler d’elle. Trois études scientifiques publiées jeudi dans la revue Current Biology viennent apporter un nouvel éclairage sur le phénomène qui a divisé les internautes il y a presque trois mois, rapporte le New York Times.

> Dur de distinguer le bleu et le blanc avec une lumière bleue

Pour la première étude, Michael Webster, un psychologue de l'Université du Nevada, à Reno, a demandé à des étudiants si ils voyaient les rayures de la robe bleues ou blanches. Les élèves se sont alors répartis équitablement en deux groupes distincts. Mais l’équipe a ensuite inversé les couleurs sur l’image, et les rayures que certains voyaient bleues et d’autres blanches sont devenues des nuances de jaune. Là, 95% des étudiants ont identifié la robe comme étant, sur cette nouvelle image, jaune et noire.

Conclusion: pour Michael Webster, le "dressgate" est dû à l’ambiguïté du bleu. Cette couleur est plus problématique que d'autres et nous avons du mal à dire sous une lumière bleue si nous regardons une feuille de papier blanche ou bleue, souligne-t-il, alors que nous arrivons facilement à distinguer si une feuille de papier est blanche ou rouge sous une lumière rouge.

> Les différentes perceptions de la lumière naturelle en cause

La deuxième étude a été menée par Karl Gegenfurtner, un psychologue de l’université de Giessen, en Allemagne. 15 volontaires ont utilisé un cercle chromatique personnalisable pour indiquer la couleur qu'ils voyaient sur la robe. Résultat: les pixels sur la robe correspondaient au spectre naturel de bleus et de jaunes que nous voyons du lever au coucher du soleil, ce qui rend plus difficile de dire comment la lumière environnante affecte la perception. Selon lui et son équipe, les différentes façons qu’ont les gens de percevoir la lumière naturelle explique que certaines personnes la voient bleue et d’autres blanches.

> "Pas suffisamment d'informations pour discerner"

La troisième étude est celle de Bevil Conway, un neuroscientifique de l’université de Wellesley, dans le Massachussetts. 1.400 participants, dont 300 qui n’avaient jamais vu la photo du vêtement, ont été interrogés sur la couleur de la robe. Le scientifique a découvert que les gens ne se divisaient pas seulement en deux catégories, la voyant "bleue et noire" ou "blanche et dorée": il y avait aussi en un troisième groupe de gens la percevant "bleue et marron". Selon le Dr Conway, cela est dû à la mauvaise qualité de l’image qui met à mal le modèle interne de notre cerveau. Le manque de contexte est important "parce que votre cerveau ne possède pas suffisamment d'informations pour discerner," analyse-t-il.

Mais au-delà du phénomène Internet, la robe suscite un réel engouement scientifique, note encore Bevil Conway, cité par le Los Angeles Times: "C’est clairement une très mauvaise image, mais elle se révèle être un outil extrêmement puissant pour les neuroscientifiques visuels". Et de prévenir: "il va y avoir des dizaines et des dizaines d’articles scientifiques sur le sujet au fil des années. C’est juste le début".

V.R.