La fête des pères dans l'ombre de celle des mères

Un Indien avec son fils adopté en 2013. - Sanjay Kanojia - AFP
Ce 19 juin, c’est la fête des pères et, même sans être une mauvaise fille ou un mauvais fils, vous pourriez bien oublier de la souhaiter. Un sondage Toluna pour LSA, réalisé auprès de 2009 personnes âgées de plus de 18 ans, et cité par Le Figaro, montre le déficit de popularité de cette célébration face à la plus populaire fête des mères.
Un Français sur trois pourrait ne pas souhaiter la fête des pères
66,2% ont l’intention de rendre hommage à leur paternel au jour dit, alors que 81,1% avaient pensé à dire "bonne fête maman" le 29 mai dernier. Moins de la moitié des sondés, 45,7% exactement, songe à faire un cadeau à leur père pour l’occasion.
Et, en plus de faire plus rarement un présent à leur père qu’à leur mère, les Français dépensent aussi moins d’argent pour le premier. En moyenne, leur budget sera de 49,67 euros cette fois-ci alors qu’au moment de faire un cadeau au côté maternel il y a trois semaines, l’estimation montait trois euros plus haut, ou presque: 52,31 euros.
Le rôle du père en question
Cette désaffection, bien sûr, ne vient pas de nulle part et elle est motivée par des raisons historiques et sociales. Michel Billé, sociologue interviewé par Europe 1, explique que le flou artistique autour de la figure paternelle depuis plusieurs décennies pèse lourd dans cette affaire:
"Jusqu'aux années 70/80, le père était le chef de famille. Mais il y a eu un changement de statut du rôle du père. La loi, d'ailleurs, ne dit plus autorité 'paternelle' mais 'parentale' depuis 1971. Aujourd'hui, le rôle du père n'est pas totalement redéfini. Le lien avec la mère, lui, reste ce qu'il y a de plus stable, de plus indélébile."
La fête des pères, une célébration hors-sol?
Et puis, la fête des pères paraît peut-être plus artificielle que la célébration des mères historiquement. La fête des mères plonge ses racines plus profondément dans le XXe siècle. Contrairement aux idées reçues, elle n’a pas été fondée par le régime de Vichy bien que celui-ci en fasse un outil de propagande pendant la Seconde guerre mondiale.
"La journée des mères" fait son apparition en France à la fin de la Première guerre mondiale. Elle est censée soutenir, parfois financièrement grâce à des levées de fond, les mères de famille dans des foyers où le père n’est, bien souvent, jamais revenu du front. Elle se veut aussi la vitrine de la politique nataliste encouragée par la IIIe République. En 1950, une loi transforme très officiellement cette "journée" en "Fête des mères".
L’histoire de la fête des pères est à la fois moins tragique et moins riche, mais plus commerciale. Elle naît en 1949, sous l’impulsion de Flaminaire, un fabricant de briquets à gaz qui espère doper les ventes de son produit. Mais c’est aujourd’hui que les pères aimeraient connaître un retour de flamme.