L'Observatoire des inégalités s'alarme d'une "fracture sociale" persistante en France

Des personnes sur la place de la République à Paris, le 7 juillet 2024. - Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
La France reste un pays particulièrement inégalitaire, dans lequel une "fracture sociale" se creuse, ce qui alimente les tensions dans la société, alerte l'Observatoire des inégalités dans un rapport publié mardi 3 juin.
Hors impôts et prestations sociales, "la France n'est pas loin des États-Unis et du Royaume-Uni, parmi les pays riches où les inégalités (de revenus) sont les plus élevées", a affirmé lors d'une conférence de presse l'un des deux auteurs du rapport, Louis Maurin, directeur de cette association qui dresse tous les deux ans un état des lieux des inégalités en France.
Son constat s'appuie sur des données de l'OCDE: un classement en fonction de l'indice de Gini, un indicateur qui mesure la répartition des revenus au sein de chaque pays. Si on tient compte des mécanismes de redistribution, la France se retrouve au milieu du tableau.
De fortes disparités en matière de patrimoine
En matière de revenus, les 10% les plus riches, gagnent au moins 3.653 euros, soit au moins 3,4 fois plus que les 10% les plus pauvres, qui touchent moins de 1.080 euros.
Outre les inégalités de revenus, l'Observatoire constate de fortes disparités entre les personnes des classes populaires et aisées en matière de patrimoine, de conditions de travail et de vie ou encore de réussite scolaire.
Ainsi, les chances de faire des études supérieures sont très inégales, décrit le rapport: 73% des enfants nés dans des familles de cadres supérieurs ou de professions intermédiaires ont accès à l'enseignement supérieur, contre 41% des enfants d'ouvriers ou d'employés.
"Le prix à payer de la gourmandise des classes aisées et diplômées est le délitement du tissu social", estime Louis Maurin. Une "fracture sociale" s'est ainsi ouverte progressivement depuis une vingtaine d'années, "ce qui alimente massivement les tensions sociales", a-t-il ajouté.
Face à cette situation, l'Observatoire appelle à la mise en place d'urgence de "politiques publiques de justice sociale".