L’E10, un nouveau carburant pas si « bio » que ça ?

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Un nouveau biocarburant à la pompe. C'est ainsi qu'est présenté l'E10, disponible dès ce mercredi 1er avril, dans certaines stations-services françaises. Composé de 10% d'éthanol (alcool à base de betterave ou de céréales) et de 90% de Sans Plomb 95, il est destiné à lutter contre le réchauffement climatique. L'E10 devrait coûter 1 à 3 centimes de moins que le SP 95, qui valait 1,16 euro en moyenne fin mars. Mais l'E10 n'est compatible qu'avec 60% des véhicules essence, essentiellement les automobiles immatriculées après 2000, soit 9 millions de voitures en France. A l'Union française des industries pétrolières (UFIP), si l'on s'avoue incapable d'indiquer le nombre de stations qui distribueront l'E10 dès aujourd'hui, on affirme que 70% d'entre elles seront équipées d'ici fin 2009.
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« Une arnaque : l'E10 n'a rien d'un biocarburant »
A peine lancé, l'E10 fait déjà l'unanimité... contre lui dans les milieux écologistes. Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement, dénonce « une arnaque. Parce que, explique-t-il, c'est clairement une opération marketing : on présente ça comme un carburant vert, alors qu'en réalité le Sans Plomb 95 aujourd'hui contient déjà 5,75% d'éthanol. On rajoute 2 ou 3% de plus, on change le nom pour appeler ça un biocarburant, mais ça n'a rien d'un biocarburant. En plus, il est corrosif pour les moteurs, ne concerne donc pas toutes les voitures et a même été interdit en Allemagne pour cette raison liée à la corrosion. »
Toujours autant d'émissions de gaz à effet de serre...
Le lancement de ce nouveau produit s'inscrit dans le plan français qui vise à atteindre 7% de biocarburants en 2010, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports routiers. Mais l'E10 va-t-il réellement permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du dérèglement climatique ? « Certainement pas », répond Arnaud Gossement, qui explique : « ce carburant doit être prioritairement transporté par camions puisqu'il ne supporte pas le transport par pipelines. Lorsqu'on fait le bilan des émissions de gaz à effet de serre, d'un côté on nous dit qu'à la sortie du pot d'échappement il y a 60% de gaz à effet de serre en moins, mais comme il nécessite le recours à l'agriculture intensive et le transport par camions - qui tous deux émettent des gaz à effet de serre - au final le bilan n'est pas positif. »