"Blue monday": non, ce lundi n'est pas plus déprimant qu'un autre

- - Joe Mahoney - Getty Images North America - AFP
Le réveil a été particulièrement difficile ce matin, non? Pourquoi sortir de la couette pour aller au travail, surtout avec le froid qui s'annonce? Aujourd'hui, bizarrement, vous avez le sentiment que tout semble plus compliqué que d'habitude. Et bien ce serait en réalité tout à fait normal: nous sommes le troisième lundi de janvier, et une théorie qui revient chaque année explique que c'est le jour le plus déprimant de l'année. Nos amis britanniques ont même trouvé un terme pour le qualifier: le "Blue Monday", traduisez, le "blues du lundi". Problème? C'est plutôt bidon. Explications.
Des données qui n'ont pas de "sens"
Le concept n'est pas très vieux. Il date de 2005, lorsqu'il a été mis en avant par une campagne de pub lancée par la chaîne Sky Travel consacrée aux voyages (disparue depuis). A cette époque, l'entreprise s'appuie sur une étude scientifique menée par le Dr Cliff Arnall, un psychologue de l'université de Cardiff, qui a mis au point une pseudo formule mathématique afin d'établir quel serait le jour le plus déprimant de l'année. Pour ce faire, plusieurs paramètres sont pris en compte: la météo, le trou dans les finances causé par les fêtes de fin d'année, les bonnes résolutions de la nouvelle année ou encore le manque de motivation qui en découlerait (liste non exhaustive).
Résultat des courses: le troisième lundi du premier mois de l'année, soit le 16 janvier pour 2017, serait le jour le plus déprimant de l'année.
Un calcul polémique, rapidement remis en cause...par son propre auteur. Interrogé par le Telegraph en 2010, le Dr Cliff Arnall avait avoué avoir été payé par des communicants pour trouver cette date, au même titre que celle du "jour international de l'optimisme", qu'on lui doit aussi. L'occasion d'expliquer, pour le psychologue, que ces données n'avaient pas vraiment de "sens", sans forcément réfuter l'intégralité de son raisonnement. "Je suis heureux de voir l'impact que ça a eu sur les gens en leur permettant de parler de dépression et de comment ils se sentent", disait-il au quotidien anglais. Avant de poursuivre:
"Je les encourage maintenant à réfuter la notion qu'il y aurait une journée plus déprimante que les autres, et de s'en servir comme un tremplin pour faire le tri et voir ce qui compte vraiment dans vos vies."
Ne pas confondre avec "le coup de mou" post-Noël
Libre à chacun, donc, de faire de son lundi 16 janvier le jour le plus déprimant de l'année, ou non. Mais pourquoi cette idée perdure depuis maintenant 12 ans? Est-elle totalement à jeter?
Tout d'abord, il ne faut pas confondre le traditionnel "coup de mou" d'après Noël qu'on a tous (ou presque) un jour ressenti, avec la notion médicale de dépression qui recouvre beaucoup de facteurs pour être diagnostiquée en tant que telle. De fait, estimer qu'il existe un jour, par an, où une majorité de personnes seraient atteintes de "dépression" est pratiquement impossible à établir. A contrario, la "dépression saisonnière", ou "hivernale", est un phénomène de plus en plus connu contre lequel il existe des moyens pour lutter. Et si vous êtes toujours convaincu par le "Blue Monday", rassurez-vous: demain ça ira mieux.