Ils ont fait l’événement - Un ancien salarié de l'usine GM&S "marqué à vie" par le plan social

Didier et Patrice faisaient partie des ouvriers mobilisés lors de la liquidation judiciaire de GM&S, il y a un an. Et tous les deux ont compté parmi les 157 emplois supprimés sur 277, malgré la reprise de l’usine de La Souterraine. Après 35 ans passés là-bas pour l’un, et 17 ans pour l’autre. Ils reviennent sur ces mois difficiles au micro de Salhia Brakhlia pour BFMTV.
Didier, 54 ans, a eu la chance de retrouver du travail. Ce n’est pas encore le cas de son collègue de 42 ans: "Il y a des hauts, il y a des bas. Il y a des jours plus difficiles que d’autres (…) Je ne perds pas espoir, quand même, de retrouver du travail."
"Appel au secours"
Pour se faire entendre, les ouvriers ont menacé de faire sauter l’usine: "C’est une sorte de désespoir, un appel au secours", se souvient Didier. Et l’issue de la bataille reste difficile pour Patrice: "ça fait poser beaucoup de questions. On a les emprunts à payer, on a un avenir."
C’est lors de cette mobilisation qu’Emmanuel Macron, alors qu'une caméra tournait, a prononcé une phrase polémique: "Il y en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas" (à la fonderie d’Ussel, en Corrèze, ndlr). Pour Didier, cette phrase trahit "une méconnaissance du dossier"; "2 heures et demi de voiture, matin et soir!", s’agace-t-il.
"J’ai une maison ici, j’ai ma famille ici, je ne vais pas avoir un loyer ici et me repayer un loyer sur Ussel. Je ne peux pas me le permettre", explique Patrice.
"Je suis marqué jusqu'à la fin de mes jours"
Tous les deux sont d’accord; après GM&S, retrouver du travail est particulièrement périlleux: "ancien de GM&S, on vous met à l’écart. Vous êtes puni", explique Didier. "Quand j’ai dit à une DRH que j’allais être licencié de GM&S, cette dame m’a gentiment dit qu’il n’y avait pas de poste à prendre", abonde Patrice. Pour les deux anciens collègues, le traumatisme du plan social est toujours très présent: "Je suis marqué jusqu’à la fin de mes jours", assure Patrice, tandis que Didier évoque sa "chair de poule, encore aujourd’hui."