Enquête ouverte sur un clip de rap tourné avec des collégiens de Paris

Le clip met en scène des mineurs, étrennant diverses armes blanches. - Capture YouTube
Des paroles violentes, diverses armes blanches, et une mise en scène professionnelle dans un décor urbain. La dernière vidéo de la société de production Vision Industry a tout d'un clip de rap classique. À un détail près: certains des figurants ne sont encore que des collégiens, et les deux principaux protagonistes n'ont que 14 ans.

Cette vidéo a été tournée pendant les vacances scolaires de décembre dernier, comme le relève mardi Le Parisien. Depuis sa mise en ligne il y a un mois, elle a été vue plus de 11.000 fois. Pendant 2min30, ce ne sont qu'appels à la violence, ode aux "billets violets" (ceux de 500 euros), couteaux et feuilles de boucher brandis par des mineurs, pour beaucoup élèves du collège Daniel-Mayer, dans le 18e arrondissement de Paris.
Un collège qui lutte contre la violence
Dans cet établissement du quartier de la Chapelle, classé en zone d'éducation prioritaire, c'est la consternation. "Cette vidéo montre ce qui fascine nos élèves, déplore la principale Catherine Donohue-Weill, interrogée par Le Parisien. Il faut absolument regarder la réalité en face et travailler dessus."
Même si l'établissement redouble d'efforts pour prévenir la violence, il est depuis plusieurs années au cœur de règlements de compte entre bandes de quartier, comme le raconte le site Dixhuitinfo. En octobre 2014, un élève était frappé de six coups de couteau juste en face du collège, heureusement sans séquelles majeures. Moins d'un mois plus tard, lors du cross du collège dans le parc des Buttes-Chaumont, un autre élève est pris à partie par une quinzaine de jeunes armés de bâtons et de ciseaux. Les professeurs ont juste le temps d'appeler un taxi pour éviter le drame.
Le parquet a ouvert une enquête
Pour le clip de rap, certains élèves évoquent une rémunération "entre 100 et 200 euros", "un prix, parce qu'on est des petits", précisent-ils. Et tout cela, "probablement sans autorisation parentale", se désole Catherine Donohue-Weill. Celle-ci a alerté la police dès qu'elle a pris connaissance de la vidéo, mais les élèves, eux, ne semblent pas s'inquiéter de cette performance, juste "un délire".

Une source proche du dossier confie au Parisien qu'une enquête a été ouverte par le parquet de Paris. La société de production, Vision Industry, est coutumière de ce genre de clip, même si la mise en scène de mineurs semble être une première.