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Société

Egalité hommes-femmes: dix recommandations pour en finir avec les stéréotypes

Les officiers de police féminin devraient être appelées "officières", selon le Haut conseil pour l'égalité.

Les officiers de police féminin devraient être appelées "officières", selon le Haut conseil pour l'égalité. - Jean-Christophe Magnenet - AFP

Le Haut conseil à l'égalité publie un guide à l'attention des pouvoirs publics. Objectif: lutter contre les stéréotypes hommes-femmes.

Ne dites plus "Madame le préfet" mais "Madame la préfette", n'écrivez plus "la chef" mais "la cheffe"… La lutte contre les stéréotypes passe aussi par les pouvoirs publics: pour les accompagner dans cette démarche, le Haut conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) publie un guide pratique présenté jeudi.

En dix recommandations, le Haut conseil offre un outil aux pouvoirs publics et à leurs prestataires extérieurs pour lutter contre ces stéréotypes sexistes qui enferment les hommes et les femmes "dans un répertoire restreint de rôles et de situations". "Pour renverser cette tendance, l'État et les collectivités territoriales se doivent d'être exemplaires, notamment via l'utilisation de l'argent public destiné à la communication", soulignent la présidente du Danielle Bousquet et la rapporteure Gaëlle Abily. Passage en revue de mesures symboliques.

> Adapter le titre et le grade au sexe de la personne

Le Haut conseil prône ainsi, dans ce guide présenté jeudi, d'accorder les noms de métiers, titres, grades et fonctions avec le sexe des personnes qui les occupent. On peut donc préférer Madame la maire, Madame la sénatrice ou Madame la préfète, à Madame le maire, le sénateur ou le préfet... D'ailleurs, "en 2014, 15,7% des préfet.ète.s sont des femmes", remarquent les auteurs. De même, on peut oser les écrivaines, les pompières ou les officières, préconise le guide, balayant l'argument prétendument esthétique contre cet usage.

Le masculin ne l'a pas toujours emporté sur le féminin dans la langue française. Ce sont les grammairiens et lexicographes du XVIIe siècle qui ont imposé cette règle au motif que "le masculin est plus noble que le féminin", dira l'un d'eux. L'État a, lui, tranché en faveur du masculin en 1882, à l'heure de l'instruction publique obligatoire.

> Utiliser masculin et féminin... dans la même phrase

Le guide, élaboré par des membres du HCEfh, des linguistes, des fonctionnaires et des pros de la communication, préconise d'user du féminin et du masculin quand les messages s'adressent à tous et toutes. À l'oral, en utilisant les mots et/ou adjectifs par ordre alphabétique: l'égalité femmes-hommes, les acteurs et les actrices... À l'écrit, en composant le mot comme suit : "les enseignant.e.s" ou "un.e conseiller.ère municipal.e". On peut aussi ruser avec des mots dont la forme ne varie pas entre masculin et féminin (un.e élève, un.e membre...) ou englobants (le public, le corps professoral, etc.).

> Bannir les expressions de type "chef de famille"

Déjà bannies du droit français, les expressions "Mademoiselle", "chef de famille", "nom de jeune fille" ou "nom d'épouse" doivent être éliminées de l'ensemble des documents administratifs, selon le Haut conseil. Il est courant de demander aux femmes qui exercent des responsabilités, et à elles seules, comment elles parviennent (ou pas) à mener de front carrière et vie de famille. Une habitude à proscrire! Et si la question est pertinente, les personnes concernées sont invitées à les poser aussi aux hommes.

> Surveiller les campagnes de communication 

Quant aux représentations stéréotypées des femmes et des hommes, haro sur les campagnes et clips saturés de rose et de talons aiguilles, d'enfants et de douceur du foyer, face à des hommes à l'oeil ambitieux, en costume bleu sombre, concentrés sur leur ordinateur ou évoluant dans la nature avec virilité. Le guide suggère encore de compter le nombre de femmes et d'hommes représenté.e.s sur les illustrations ou infographies et de rééquilibrer si nécessaire. De même pour les intervenant.e.s d'un colloque ou les expert.e.s interrogé.e.s.

Saluant "l'importance capitale" de ce guide, la secrétaire d'État chargée des Droits des femmes Pascale Boistard a indiqué que 2016 serait pour elle "une année consacrée, entre autres, à la lutte contre les stéréotypes dans la communication, notamment dans la publicité", même si cette dernière n'est pas publique. Le marché de la communication publique est estimé à plus de un milliard d'euros chaque année.

A. K. avec AFP