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"Une peur infondée": le programme d'éducation à la sexualité défendu par la Ciivise et le Planning familial

Des manifestants brandissant des drapeaux de planning familial le 1er février 2014 à Lille

Des manifestants brandissant des drapeaux de planning familial le 1er février 2014 à Lille - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Confrontées à une fronde des conservateurs sur la question de l'éducation à la sexualité, la Civiise et le Planning familial ont répondu aux critiques. Les organismes regrettent des fausses informations "dangereuses", portées notamment par un membre du gouvernement.

"Des informations mensongères" et "dangereuses": plusieurs organisations, comme le Planning Familial et la Ciivise, ont dénoncé jeudi la fronde conservatrice contre le futur programme d'éducation à la sexualité, insistant sur son rôle "essentiel" dans la lutte contre les violences sexuelles.

"Des voix isolées mais véhémentes se font entendre pour attaquer ce programme et le vider de son contenu, voire pousser le gouvernement à y renoncer", déplore la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) après la prise de parole remarquée du ministre délégué LR Alexandre Portier ce mercredi 28 novembre au Sénat.

Un programme "en l'état pas acceptable" selon Alexandre Portier

Appuyant l'offensive d'organisations conservatrices en cours depuis plusieurs mois, le ministre délégué à la Réussite scolaire a estimé que le projet de programme, qui doit être présenté mi-décembre au Conseil supérieur de l'éducation (CSE), n'était "en l'état pas acceptable".

Il s'est notamment engagé à ce que "la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles" et que les notions abordées soient "appropriées" à l'âge des élèves. L'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est obligatoire depuis 2001 dans les établissements scolaires mais dans les faits peu appliquée.

Pour la Ciivise, "les informations mensongères qui propagent une peur infondée parmi les parents d'élèves doivent être rectifiées".

"Jamais", insiste-t-elle dans un communiqué, "le besoin d'instruire les enfants de manière progressive et ajustée à leur âge et de leur permettre de comprendre les enjeux de la vie affective et relationnelle, de l'intimité, du consentement, n'ont été plus évidents et consensuels".

En France, "160.000 enfants sont chaque année victimes d'inceste et de violences sexuelles", des violences qui "provoquent chez les victimes des dommages profonds et durables", rappelle la Commission.

"Apprendre le respect de soi et des autres"

Même indignation au sein du collectif "pour une véritable éducation à la sexualité", mis en place en 2022 et qui compte dans ses rangs Le Planning Familial, la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), Sidaction, entre autres.

Dans un communiqué publié jeudi, les associations dénoncent "l'usage de rhétoriques mensongères des mouvements anti droits issus de l'extrême droite visant à empêcher l'aboutissement de ce projet essentiel".

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"Bénéficier d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, permet d'apprendre le respect de soi et des autres, d'appréhender le consentement, de lutter contre les stéréotypes et toutes formes de violences", écrivent-elles.

"En pleine actualité du procès Pélicot, la nécessité de mettre en oeuvre une éducation permettant de prévenir les violences et de mieux repérer les victimes ne devrait plus être à démontrer."

T.K. avec AFP