De 38 à 60 euros d'amende: ces centres-villes interdisent la promenade torse nu et les maillots
À Arcachon, oublier d'enfiler un t-shirt ou un short en quittant la plage pourrait vous coûter cher. Depuis trois semaines, un arrêté municipal imposant une "tenue correcte" en centre-ville est en effet entré en vigueur. Plus question, donc, d'aller acheter une glace en maillot de bain ou de se promener torse nu dans les boutiques de cette station balnéaire de Gironde.
Cette disposition a été réclamée par les riverains et les commerçants du centre-ville d'Arcachon, excédés que des vacanciers ne rentrent dans les magasins "sans chaussures, torse nu, mouillés", témoigne une vendeuse.
"C'est une question de civilité d'être habillé dans un commerce, même quand on est en bord de plage", ajoute-t-elle.
Gare à ceux qui voudraient contrevenir à cet arrêté: ils s'exposent à une amende de 38 euros. Des affiches rappelant l'obligation de porter une "tenue correcte" sont cependant présentes en sortie de plage en guise de pense-bête pour les baigneurs et les policiers municipaux chargés de faire appliquer l'arrêté n'ont pas pour consigne de faire du zèle.
"Ça fait à peu près trois semaines que l'affichage a commencé et il n'y a pas eu d'amende, de personnes vraiment sanctionnées, précise ainsi Paul Scappazzoni, conseiller municipal de la ville. Il y a eu des rappels à l'ordre, comme souvent. L'affichage fait son effet.", se félicite-t-il.
Un cas loin d'être unique
Arcachon n'est pas la première station balnéaire à avoir recours à ce genre d'arrêté. Des villes telles qu'Ajaccio, Trouville ou encore La Grande Motte imposent également une tenue correcte en sortie de plage. Dans la première, vous promener en maillot de bain ou torse nu dans le centre-ville vous coûtera pas moins de 60 euros.
À Royan, également, la municipalité souhaite que les "tablettes de chocolat et brioches restent dans l'emballage", comme l'indique une campagne d'affichage à destination des baigneurs.
Pour autant, aucune loi nationale n'interdit en réalité de se promener en maillot de bain ou torse nu en ville. Cette pratique n'est plus prohibée depuis 1994 et l'abrogation des dernières lois concernant "l'outrage public à la pudeur", pour lequel on pouvait être condamné à 15.000 francs d'amende et jusqu'à deux ans d'emprisonnement. Désormais, dans ce registre, seule "l'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui" est interdite, conformément à l'article 222-32 du Code pénal.
Ainsi, les arrêtés municipaux pris par les villes pour obliger les gens à se couvrir n'ont pas de réelle légalité, et peuvent être contestés. En 2008, comme le rappelle LCI, le tribunal administratif de Montpellier avait par exemple donné raison à un retraité qui avait été condamné pour s'être promené torse nu en ville. Le tribunal avait alors estimé qu'aucune "circonstance locale particulière" ne justifiait cette interdiction.
Ainsi, bien que les cas soient rares et que les gens préfèrent en général se plier aux règles en vigueur sans faire de vagues, les arrêtés municipaux interdisant d'être torse nu ou en maillot de bain dans un centre-ville ne sont justifiés que si ces "circonstances locales particulières" peuvent s'appliquer.