Crash du vol Ajaccio-Nice en 1968: Macron demande la levée du secret-défense

Un prototype de l'avion de ligne Caravelle à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, en avril 1955. - AFP
Exigence de longue date des familles des victimes, le secret-défense dans l'affaire du crash du vol Ajaccio-Nice qui avait fait 95 morts le 11 septembre 1968, pourrait bien être levé. C'est en tout cas la demande faite par Emmanuel Macron à la ministre des armées, ont annoncé lundi soir les familles des victimes.
Une faute de l'armée française ?
Dans une lettre adressée à Mathieu Paoli, président de l'association des familles des victimes de cette catastrophe, dont l'Agence France Presse a eu copie, l'Élysée assure que le président de la République "entend votre quête en faveur de la manifestation de la vérité" et assure que le ministère des armées "répond aux requêtes de justice qui lui sont adressées".
Fin mars 2018, le juge d'instruction Alain Chemama requérait officiellement une levée du secret-défense. Le juge chargé de l'enquête sur le mystérieux crash du vol Ajaccio-Nice a estimé qu'il fallait prendre "très au sérieux" la thèse d'un tir de missile accidentel touchant l'arrière de l'appareil.
"51 ans de mutisme"
Depuis cette date pourtant, aucun document n'a pu être consulté et la Commission du secret de la défense nationale n'est toujours pas saisie. L'Elysée assure dans cette missive aux familles que le ministère des armées "poursuit un important travail de recherche afin d'identifier d'éventuels documents d'intérêt qui n'auraient pas pu être intégrés aux investigations passées".
"Le président de la République a à cet égard demandé à Madame Florence Parly, ministre des armées, de saisir la commission de la défense nationale, dès lors que certains documents seraient classifiés."
Dans une lettre commune rendue publique lundi, les maires d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, et de Nice, Christian Estrosi, dénonçaient "51 ans de mutisme, pour ne pas dire d'indifférence de l'État" et demandaient au président "de passer de la parole aux actes".
Soustraction et recel de preuves
Le 11 septembre 1968, le vol Air France Ajaccio-Nice s'abîmait au large d'Antibes, faisant 95 victimes. Après la catastrophe, l'enquête avait débouché sur un non-lieu, concluant à un incendie à bord lié au chauffe-eau des toilettes et les faits avaient été déclarés prescrits, avant que le dossier ne soit rouvert pour "soustraction et recel de preuves" en 2011 sur l'insistance des familles.
Des cérémonies d'hommage aux victimes de ce drame se tiennent mardi et mercredi à Nice et Ajaccio.