Arras: les détenus de la prison se connectent facilement à Facebook

(Photo d'illustration) - Sébastien Bozon-AFP
Les détenus de la prison d'Arras sont apparemment très actifs sur les réseaux sociaux. Alors que les téléphones sont en théorie interdits dans l'enceinte de la maison d'arrêt, les journalistes de La Voix du Nord ont réussi à contacter les détenus sur un compte Facebook, richement alimenté en photos prises à l'intérieur même de la prison.
Détenus dans la cour, dans leurs cellules, à la salle de musculation, c'est une véritable visite guidée de l'établissement que les prisonniers proposent. Et quand les journalistes leur demandent comment ils parviennent à se procurer les précieux smartphones nécessaires, les détenus répondent: "très facilement".
Des "missiles" par-dessus les murs pendant la promenade
L'un d'entre eux explique qu'il ne lui a fallu que quelques jours après son incarcération pour accéder au sésame: "Quand je suis arrivé…deux jours quoi. C’est facile comme tout d’être branché", assure-t-il. C'est grâce aux "missiles", des colis jetés par-dessus les murs de la prison, que les détenus obtiennent leur accès à Internet. Un autre prisonnier raconte: "C’est simple, tu organises ça avec un téléphone et il suffit d’aller en promenade à l’heure qu’ils lancent. Les surveillants ne surveillent pas beaucoup et les caméras sont cassées. Dès qu’ils les remplacent, on les casse à nouveau".
"Dès qu'on fouille une cellule, on trouve au moins un téléphone"
Avec ces révélations se pose forcément la question de la surveillance au sein de l'administration pénitentiaire, qui n'arrive pas à endiguer le phénomène. Un autre prisonnier explique qu'il n'y a "pas de gardiens" dans la cour, au moment de la promenade. Et "vu que c’est déjà une mission de se faire jeter des missiles, s’il vient, on le mange tout cru", raconte un autre détenu.
Du côté des surveillants justement, on ne semble pas surpris. Répondant aux questions du quotidien, Jacques Flahaut, responsable syndical pour l’UFAP-Unsa, premier syndicat à la prison d’Arras l'affirme: "Dès qu’on fouille une cellule, on trouve au moins un téléphone. Quelquefois, on en trouve six ou sept". Quant aux promenades, "c’est trop dangereux. On ne peut pas intervenir. Je ne vois pas un surveillant descendre comme ça dans la cour. Et il y a tellement de choses lancées depuis l’extérieur", avoue-t-il, assurant tout de même qu'il y aurait "un redéploiement des caméras car le ministère a réinjecté de l’argent".
"C'est une manière de faire croire que la prison c'est facile"
Au parquet on essaye au contraire de relativiser un peu les choses, même si la vice-procureure d'Arras, Elise Bozzolo, reconnaît qu'il s'agit d'un "fléau". "Les détenus ont parfois plus de téléphones en détention qu’à l’extérieur", assure-t-elle.
Malgré cela, la magistrate appelle à prendre un peu de recul: "C’est aussi une manière de faire croire que c’est facile la prison, que c’est une promenade de santé. Mais la prison n’est pas une zone de non-droit", affirme-t-elle.