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Selon un rapport, le monde doit s'adapter aux conséquences "inévitables" du changement climatique

Photo d'illustration sur le réchauffement climatique.

Photo d'illustration sur le réchauffement climatique. - AFP

Le texte énumère ainsi cinq domaines - systèmes d'alerte avancés, adaptation des infrastructures, améliorations agricoles, protection des mangroves, protection des ressources en eau - dans lesquels des investissements de 1800 milliards généreraient jusqu'à 7100 milliards de bénéfices.

Le monde doit accélérer sa préparation aux conséquences "inévitables" du changement climatique. Selon un rapport publié ce mardi par une commission internationale, cette adaptation présente en outre des opportunités économiques.

"S'adapter maintenant", plaide l'étude de la "Commission globale sur l'adaptation", créée en 2018 à l'initiative des Pays-Bas. Ce pays d'Europe occidentale est particulièrement exposé aux conséquences du changement climatique, une partie du territoire se trouvant en dessous du niveau de la mer. Au total, 19 autres pays ont rejoint les Pays-Bas dans cette initiative.

"Triple dividende"

La Commission globale sur l'adaptation est menée par l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, Bill Gates, fondateur de Microsoft et activiste pour le climat, et Kristalina Georgieva, pressentie pour devenir patronne du Fonds monétaire international (FMI).

"Une adaptation bien menée peut apporter une meilleure croissance et du développement (...) sauver des vies, protéger la nature et créer des opportunités", avec un "triple dividende" fait de pertes évitées, de retombées économiques (risques réduits, meilleure productivité, innovation) et bénéfices sociaux et environnementaux, estime le rapport.

Le texte énumère ainsi cinq domaines - systèmes d'alerte avancés, adaptation des infrastructures, améliorations agricoles, protection des mangroves, protection des ressources en eau - dans lesquels des investissements de 1800 milliards pourraient générer "des bénéfices nets de 7100 milliards".

5 milliards en manque d'eau

"Les actions pour ralentir le changement climatique sont prometteuses, mais insuffisantes. Nous devons investir dans un effort massif pour nous adapter à des conditions désormais inévitables: hausse des températures, montée des océans, tempêtes plus fortes, pluviométrie plus imprévisible" résume le rapport. 

Si les conséquences sont mondiales, les populations les plus affectées sont les plus pauvres, avertit le texte. Selon le rapport, sans adaptation la progression des rendements agricoles pourrait chuter de 30% d'ici 2050, affectant principalement les petits fermiers.

Le nombre de personnes manquant d'eau au moins un mois dans l'année pourrait passer de 3,6 milliards aujourd'hui à plus de 5 milliards en 2050, la montée du niveau des eaux coûter 1000 milliards par an, et plus de 100 millions de personnes plonger sous le seuil de pauvreté dans les pays en développement d'ici 2030.

"Sentiment d'inévitabilité"

Évoquant le récent ouragan Dorian, qui a notamment dévasté les Bahamas, Ban Ki-moon a relevé lors d'une conférence téléphonique que la multiplication de tels phénomènes pouvait donner "un sentiment d'inévitabilité et d'impuissance". 

Mais "ce n'est tout simplement pas vrai" et renforcer l'adaptation "fait sens économiquement", peut "sauver des vies, protéger nos communautés (...) et bâtir un avenir meilleur", a-t-il tempéré.

"L'adaptation n'est pas une alternative aux efforts redoublés contre le changement climatique, mais un complément essentiel", plaide le rapport, arguant que sans mesures d'adaptation nous nous exposons à "un énorme bilan économique et humain".

"Même si nos ambitions sont atteintes (réchauffement limité à +2°C), ce que nous ne sommes pas en voie de faire, le réchauffement déjà acté va inévitablement avoir des impacts", a déclaré Dominic Molloy, un des auteurs du rapport. 

La planète, rappelons-le, est actuellement à +1°C par rapport à l'ère pré-industrielle et subit déjà tempêtes, canicules ou sécheresses.

Jules Pecnard avec AFP