Le plus vieil arbre du monde identifié: il a plus de 5000 ans et se trouve au Chili

Des touristes dans une forêt de Patagonie. - DANIEL GARCIA / AFP
Les locaux l'appelait déjà "grand abuelo", l'arrière-grand-père. Un surnom qui prend d'autant plus de sens aujourd'hui, car cet arbre du parc national d'Alerce Costero, au sud du Chili, a été identifié comme le plus vieux du monde par des chercheurs du CNRS. Ce cyprès de Patagonie aurait près de cinq millénaires et demi, 5484 ans plus précisément.
Ce colosse de la famille des séquoias géants, qui peut atteindre 45 mètres de hauteur, détrône ainsi le détenteur du record qui était jusqu'ici un pin Bristlecone qui poussait en Californie, aux États-Unis. Surnommé Mathusalem, cet arbre était âgé de 4850 ans.
Le défi de la datation
S'il y a peu de doutes sur le fait que ce cyprès de Patagonie devienne le doyen des arbres, son âge reste à confirmer. En effet, donner un âge précis à un arbre si vieux est un véritable défi. D'ordinaire, les méthodes de datation classique consistent à compter les cernes du tronc, chacune attestant d'une année.
Dans le présent cas, le chercheur Jonathan Barichivich du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement du CNRS n'a pas pu forer le tronc du "gran abuelo" puisque ce dernier mesure plus de quatre mètres de diamètre. De plus, ses racines sont trop fragiles pour être datées au carbone 14, relève Futura-Sciences.
Conséquence, les chercheurs ont établi son âge grâce à une combinaison de plusieurs prélèvements d’un mètre de profondeur dans le tronc et des modèles informatiques statistiques basées sur la croissance d'autres arbres dans la région et sur l'intégration à l'équation de la façon dont les facteurs environnementaux affectent leur croissance. Jusqu’à obtenir cette valeur de 5484 ans.
Un arbre menacé
Toutefois, Jonathan Barichivich entend profiter de ce record pour alerter sur les difficultés de préservation de cet arbre. Il s'inquiète notamment de sa place dans le parc national d'Alerce Costero puisque des milliers de personnes viennent l'admirer chaque année. Une notoriété pas vraiment bénéfique: les visiteurs marchent sur les racines et emportent même parfois des morceaux de son écorce en souvenir.
"C'est comme un spécimen exposé dans un zoo dans des conditions terribles", déplore le chercheur.
En outre, les arbres indigènes du Chili sont également menacés par l'exploitation forestière, comme le relève The Guardian. Dans ce pays, les plantations d’exploitation forestière couvrent plus de 2,3 millions d’hectares. Entre 1973 et 2011, ce sont plus de 780.000 hectares de forêts indigènes qui ont été perdus et au cours des deux dernières décennies, entre 60.000 et 70.000 hectares de forêts indigènes ont été détruits chaque année.
Bien qu'il ait traversé de nombreuses époques de notre civilisation, ce cyprès de Patagonie est donc extrêmement vulnérable. Selon le chercheur, seul 28% de l'arbre est aujourd'hui encore réellement en vie.