Une étude française explique la rareté des formes graves du Covid chez les enfants

Des enfants en observation après avoir été vaccinés contre le Covid-19. - ADALBERTO ROQUE © 2019 AFP
Certes, les enfants sont eux aussi susceptibles de contracter des formes sévères du Covid-19. Alain Fischer, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, a chiffré à "un peu plus de 100" le nombre de petits patients actuellement hospitalisés en France à cause du virus. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui conduisent les autorités, politiques comme sanitaires, à vouloir étendre désormais la campagne de vaccination aux 5-11 ans.
Force est toutefois de constater que rapportée aux 6771 hospitalisations répertoriées sur une semaine par Santé Publique France au 8 décembre dernier, la statistique est heureusement très faible. Une étude, pilotée conjointement par l'Inserm et l'Université d'Angers, s'est penchée sur cette plus grande résistance opposée par les enfants aux formes graves de Covid-19.
Publiée initialement dans la revue spécialisée Frontiers in Immunology le 10 novembre, l'enquête a fait surface ce lundi dans les colonnes de Ouest France. D'après ses auteurs, ce distinguo en fonction de l'âge est déterminé par la production de cellules spécifiques.
Une réponse muqueuse
On le sait: le Covid-19 et ses aérosols envahissent l'organisme et le colonisent en le pénétrant par la muqueuse nasale. Or, selon l'étude, les cellules qui la composent chez les enfants offrent un meilleur rempart que celles faisant le nez des adultes. Comment expliquer l'écart entre ces deux réponses immunitaires?
Par l'émission d'antiviraux naturels - ou "interférons" - différents. Quand les enfants produisent davantage d'interférons de type Lambda 1, leurs aînés sont globalement passés aux interférons de type I. Et si l'action des Lambda 1 est plus localisée, circonscrite pour l'essentiel aux cellules les plus voisines, celle des interférons de type I s'étend à tout le système respiratoire... mais sont plus vulnérables aux inflammations.
La "surprise" de deux chercheuses
L'immunologue Dominique Couez, l'une des chercheuses associées à l'étude, reconnaît auprès de Ouest France:
"Nous avons été surpris. On n’avait jamais distingué de critères d’âge dans les réponses immunitaires interféron des maladies respiratoires".
Un différentiel qu'elle décrit comme "extrêmement clair si on compare les moins de 15 ans et les plus de 65 ans".
Pascale Jeannin, consoeur de Dominique Couez et elle aussi rédactrice de ces travaux, note d'ailleurs, toujours auprès du quotidien régional, que la force des enfants devant les formes les plus rudes du virus a sans doute "plusieurs causes". Quant à cette connaissance scientifique nouvelle qui s'annonce autour de spécificités des muqueuses nasales en fonction de l'âge, elle doit encore être renforcée (ou anéantie) par des études complémentaires.
