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Santé

"Une avancée pour la santé des femmes": bientôt un traitement contre l'une des principales causes d'infertilité?

L’endométriose, première cause d’infertilité chez la femme, est une maladie qui touche plus d’une femme sur dix en âge de procréer.

L’endométriose, première cause d’infertilité chez la femme, est une maladie qui touche plus d’une femme sur dix en âge de procréer. - Yuri_Arcurs - iStock

Le SOPK, ou syndrome des ovaires polykystiques, est l'une des principales causes d'infertilité féminine. Des chercheurs ont développé un anticorps qui a fait reculer les symptômes de la maladie chez des souris.

Ils parlent d'une "avancée majeure pour la santé des femmes et la médecine reproductive". Des chercheurs de l'Inserm, du CHU de Lille et de l’université de Lille sont sur la piste d'un traitement thérapeutique pour lutter contre les symptômes du SOPK, qui est une des principales causes d'infertilité féminine, annoncent-ils dans un communiqué ce vendredi 11 avril.

Le SOPK ou syndrome des ovaires polykystiques, est une maladie qui touche "environ 10%" des femmes, selon les chiffres de l'institut. Il s'agit d'un déséquilibre hormonal qui se caractérise par la présence de nombreux follicules, des petites cellules contenues dans les ovaires, dont le développement est bloqué.

Ce dérèglement entraîne une production excessive d'hormones masculines, comme la testostérone, qui sont habituellement peu présentes dans l'organisme féminin. De cette situation peuvent découler de nombreux symtpômes, les plus fréquents étant les troubles de l'ovulation, et donc de la fertilité.

Les patientes souffrant de SOPK peuvent aussi souffrir d'une hyperandrogénie, marquée par une hyperpilosité, de l'acné et une chute des cheveux, ainsi que des troubles du métabolisme pouvant causer un surpoids. Dans de plus rares cas, elles connaissent l'apparition de tâches foncées sur la peau, des tendances dépressives, de l'anxiété ou encore de l'apnée du sommeil.

Un anticorps comme solution?

À ce stade, aucun traitement ne permet de guérir de la maladie, mais il est possible d'en atténuer les symptômes. Les chercheurs de l'Inserm et de Lille ont justement réussi à les faire reculer et même à empêcher leur apparition grâce au développement d'un anticorps pour lequel ils ont déposé un brevet.

Pour cela, ils ont travaillé sur les effets de l'hormone anti-Müllérienne (AMH), qui est produite en excès par les follicules présents dans les ovaires chez les personnes souffrant de SOPK. Ils se sont d'abord rendus compte qu'en administrant des doses importantes d'AMH à des souris au début de leur vie, elles ont développé à l'âge adulte des symptômes du SOPK, comme l'infertilité.

Ce résultat vient s'ajouter à celui de précédentes recherches qui avaient montré qu'une exposition du foetus à des taux élevés d'AMH pendant la grossesse augmentait également le risque de développer des symptômes du SOPK.

Un test à venir sur des femmes adultes

Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont alors essayé de bloquer l’activité de cette hormone AMH, grâce au développement d'un anticorps, nommé Ha13. Les résultats ont été sans appel: administré aux souris avant leur 15e jour, cet anticorps a eu un effet préventif, elles n'ont pas développé les symptômes du SPOK dans leur vie adulte.

Quant aux souris adultes qui souffraient de ces symptômes, l'administration de l'anticorps pour bloquer l'AMH a permis de les faire disparaître.

"Les cycles, l’ovulation et les taux d’androgènes sont revenus à la normale, ce qui suggère très probablement que la fertilité est améliorée", explique Paolo Giacobini, directeur de recherche à l’Inserm et auteur de l'étude.

Pour confirmer la piste d'un nouveau traitement, les chercheurs souhaitent reproduire cette expérience sur des femmes adultes ayant cette maladie.

"Étant donné l’impact majeur du SOPK sur la fertilité et sur la qualité de vie, cette étude représente une avancée majeure pour la santé des femmes et la médecine reproductive", se réjouit Paolo Giacobini.

Ils n'ont cependant pas prévu de tester sur des bébés l'administration préventive d'anticorps pour bloquer l'AMH car les effets à long terme de ce blocage ne sont pas connus à ce stade.

Emilie Roussey