Un robot greffe un rein par voie vaginale, une première mondiale à Toulouse

Une opération d'un genre nouveau s'est déroulée, début juillet, au CHU de Toulouse. - CHU Toulouse - AFP
C'est une première au niveau mondial. Deux chirurgiens ont réussi le prélèvement d'un rein sur une donneuse vivante et sa greffe à une receveuse, toutes deux opérées dans la foulée par voie vaginale et "exclusivement par robot chirurgical". Une opération inédite, selon le CHU Rangueil de Toulouse. L'extraction rénale puis la transplantation ont été réalisées le 9 juillet dernier, par voie vaginale chez deux soeurs.
"Une formidable aventure"
Valérie Perez, 44 ans, a donné son rein à Béatrice Perez, 43 ans. "Les deux soeurs se portent bien aujourd'hui", a déclaré le chirurgien urologue responsable de la transplantation au CHU de Toulouse, Frederico Sallusto, 49 ans. Il a réalisé l'opération chirurgicale avec l'expert en chirurgie urologique robot-assistée, le Dr Nicolas Doumerc, 39 ans, qui a une solide formation internationale.
De retour en dialyse après le dysfonctionnement d'un premier rein greffé, Béatrice Perez avait été contactée par le CHU de Rangueil. "Au début, je ne voulais pas de cette première", a-t-elle confié. "J'avais peur que ma soeur soit abîmée, mais j'ai été convaincue par le Dr Sallusto", a ajouté cette femme très gaie. "C'est une formidable aventure", s'est-elle exclamée.
Un besoin de recul
Ce chirurgien, qui a réalisé plus de 600 greffes de rein, a voulu attendre avant d'annoncer cette "réussite" plus d'un mois plus tard. "Nous voulions avoir du recul", a-t-il dit. "Nous ne pouvions pas nous permettre la moindre erreur avec un donneur vivant", a-t-il aussi souligné. Il y a eu cinq petites incisions intérieures de 8 mm sur chacune des patientes et aucune cicatrice apparente.
"L'intervention s'est déroulée à l'intérieur du corps et ceci ne peut se faire que chez les femmes", a-t-il dit. Le rein extrait a été placé dans un sac plastique entouré de gel pour pouvoir glisser dans la paroi vaginale de sa soeur. Pour l'homme, "on peut faire une petite incision au-dessus du pubis pour implanter un rein avec un robot", a-t-il expliqué. Puis "le rein a repris sa fonction une heure après sa transplantation", a souligné le chirurgien, ce qui est normal pour ce greffon provenant d'un être vivant.
Un rapide retour à la normale
La donneuse a pu regagner son domicile le second jour et la receveuse au bout de quatre. Autres avantages de cette intervention faite avec un robot Da Vinci: diminution de la taille de la cicatrice, atténuation de la douleur et du risque d'épanchement de liquide lymphatique, traitement postopératoire moins lourd.
L'hôpital rappelle qu'en Inde avait été publié en mars 2015 une étude sur "huit patientes ayant bénéficié d'une technique innovante d'introduction du greffon par voie vaginale, mais par coelioscopie traditionnelle", c'est-à-dire que la suite de l'opération s'était déroulée en faisant une incision au niveau abdominal.
De nombreuses applications pour l'avenir
Le CHU précise aussi qu'à ce jour, une centaine de personnes en Inde et aux États-Unis ont bénéficié d'une transplantation rénale - par donneur vivant ou non - au moyen d'un robot chirurgical. En France, ce robot a été utilisé pour la première fois en 2001 à l'hôpital Mondor de Créteil, puis au CHU de Tours en 2013 pour ce type d'opération dit aujourd'hui "classique". Les Dr Doumerc et Sallusto ont combiné les deux: dans un premier temps, ils ont réalisé "le 13 mai dernier, une première transplantation rénale robot-assistée avec introduction du greffon par voie vaginale au CHU de Toulouse. C'était déjà "une première mondiale", suivie de cette deuxième le 9 juillet.
Les applications de cette percée sont nombreuses à commencer par des greffes rénales sans difficulté majeure à des personnes obèses, car "pour eux l'opération classique est compliquée" en raison des épaisseurs sous la peau. "Nous savons où nous allons. Il n'y a pas d'improvisation", a encore souligné le Dr Sallusto qui entrait en salle pour une greffe "classique".