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"Un parcours extraordinaire": l'équipe médicale à l'origine de la greffe d'utérus qui a permis une naissance témoigne

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Pour la première fois en France, un bébé est né à la suite d'une greffe d'utérus dont a bénéficié sa mère. Pour l'équipe médicale à l'origine de cet exploit, cette naissance clôt un "parcours extraordinaire".

Elle ne pèse que 1,8 kg mais elle fait déjà la fierté de la médecine française. Une petite fille du nom de Micha est née le 12 février dernier à la suite d'une greffe d'utérus dont a bénéficié sa mère deux ans plus tôt. Cinq jours plus tard, "tout le monde va bien", félicite le Pr Jean-Marc Ayoubi, à la tête de l'équipe médicale qui a réalisé à l'hôpital Foch de Suresnes cette prouesse, une première en France.

"C'est l'aboutissement d'un parcours extraordinaire qui a commencé il y a presque 15 ans", témoigne ce mercredi sur notre antenne le chef de service de gynécologie-obstétrique et de médecine de la reproduction de l'hôpital des Hauts-de-Seine.

Avec une vingtaine de médecins spécialisés (gynécologues, pédiatres, biologistes), Jean-Marc Ayoubi avait monté un projet de recherche sur la greffe d'utérus pour les femmes atteintes du syndrome de Rokitansky (MRKH), c'est-à-dire nées sans cet organe, une condition qui touche une femme sur 4500 à la naissance.

Une deuxième grossesse possible

"Nous avons selectionné une vingtaine de patientes sur un total de 250 volontaires que nous avons vues en consultation et qui étaient compatibles avec les critères", nous explique-t-il. Parmi ces 20 femmes, la sélection a encore été affinée pour ne retenir que les 5 patientes les plus compatibles. La mère de Micha, Déborah, a finalement été la première à être greffée en vue d'une grossesse.

"Trois semaines après la greffe de l'utérus, la patiente a eu ses premières menstruations. Pendant 12 mois elle les a eues normalement, sans aucun traitement", précise Jean-Marc Ayoubi.

L'utérus devrait permettre à Déborah de mener une deuxième grossesse - d'ici un an et demi ou deux ans, espère l'équipe médicale - avant de lui être retiré en raison du traitement antirejet, extrêment lourd.

D'autres greffes sont prévues à l'hôpital Foch pour des femmes nées sans utérus. L'équipe du professeur Ayoubi avait reçu l'autorisation de l'Agence de la biomédecine et de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de conduire un essai clinique pour dix greffes avec donneuses vivantes apparentées.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV