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Santé

Trisomie: un test de dépistage basé sur l'ADN sanguin maternel

Le diagnostic prénatal de la trisomie 21 débute par un dépistage qui repose sur une prise de sang et une échographie au 1er trimestre.

Le diagnostic prénatal de la trisomie 21 débute par un dépistage qui repose sur une prise de sang et une échographie au 1er trimestre. - iStock - Topalov

L’AP-HP a ouvert à l’hôpital Cochin, à Paris, une plateforme automatisée de "séquençage haut débit" qui permet de mettre en évidence les anomalies à l’origine des trisomies 21, 13 et 18. Elle propose gratuitement ce test de dépistage aux femmes suivies dans ses maternités.

La trisomie 21 ou syndrome de Down est la plus fréquente des anomalies chromosomiques et est liée à la présence d’un chromosome 21 surnuméraire. Il peut entraîner un retard mental plus ou moins sévère et des malformations anatomiques. Pendant la grossesse, son dépistage est proposé lors du premier trimestre en associant une prise de sang et une échographie, permettant d’évaluer le niveau de risque.

Toutefois le diagnostic de certitude de la trisomie 21 repose sur le caryotype, un examen des chromosomes qui nécessite de recueillir des cellules du liquide amniotique par amniocentèse. Or, ce prélèvement réalisé au niveau de l'utérus à l'aide d'une aiguille n'est pas dénué de risque. C'est pourquoi l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait savoir qu'il est désormais possible d’avoir accès à un dépistage plus performant, sans avoir recours au prélèvement fœtal qui représente un geste invasif.

Proposé aux futures mères dans les maternités AP-HP

Il s'agit d'une prise de sang qui, à partir de l’ADN circulant dans le sang de la mère, permet de dépister en plus de la trisomie 21, les trisomies 13 et 18. Dans ce cadre, elle a mis en place une plateforme automatisée de "séquençage haut débit" au service de génétique et biologie moléculaire de l'hôpital Cochin, la première en France. "L’aboutissement de ce projet est le fruit d’une collaboration entre différentes équipes", indique l'établissement public de santé.

Cette nouvelle approche de dépistage est dans un premier temps proposée aux futures mères suivies dans ses maternités: 7000 femmes sont potentiellement concernées. Elle n’est actuellement pas remboursée par l’Assurance maladie, mais l’AP-HP le propose gratuitement à ces femmes. En cas de résultat négatif, le prélèvement foetal peut être évité, mais il reste cependant indispensable en cas de résultat positif. 

Diviser par deux le nombre de gestes invasifs

Avec une sensibilité proche de 100%, ce test génétique permet de diviser par deux le nombre de gestes invasifs, selon les estimations du professeur Jean-Michel Dupont, du laboratoire de cytogénétique constitutionnelle pré- et postnatale à l’hôpital Cochin. "Le dépistage actuel a une performance qui est relativement bonne, mais il ne permet pas d'éliminer le risque avec certitude", explique-t-il. 

Celui-ci ajoute: "La méthode basée sur l'analyse de l'ADN fœtal circulant va améliorer énormément cette performance de dépistage et donc éviter complètement ou presque complètement le recours à une méthode invasive, qui sera réservée à quelques situations pour confirmer un éventuel test positif". Ce test de dépistage est prescrit en seconde intention, soit après la prise de sang classique et l'échographie réalisées pendant le premier trimestre de grossesse.

Comment fonctionne ce dépistage automatisé 

Il se déroule en plusieurs étapes bien précises, à l'aide d'un robot. Dans un premier temps, le robot assure l’extraction de l’ADN présent dans le plasma maternel et le mélange des échantillons avant le séquençage de l'ADN. Le séquençage permet de compter l’ensemble des fragments d’ADN circulants et de mettre en évidence un excès de fragments provenant du chromosome 21 en cas de trisomie ou d’autres chromosomes, notamment les 13 et 18.

Chaque échantillon est tracé individuellement grâce à un code barre qu'il possède tout au long de la chaîne et il n'y a pas d'intervention humaine afin d’éviter les risques d’erreur. Selon Santé Publique France, la trisomie 21 est l’anomalie congénitale la plus fréquente en France avec environ 2200 diagnostics par an. Viennent ensuite les hypospadias (malformation de l'urètre), les fentes labiales et palatines, les anomalies de fermeture du tube neural et les malformations cardiaques.

Alexandra Bresson