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Vers un pass sanitaire conditionné à l'injection d'une dose de rappel pour les plus de 65 ans

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Emmanuel Macron s'adresse aux Français ce mardi soir. Après avoir tranché la question dans la matinée durant une séance du Conseil de défense sanitaire, il annoncera sa décision quant à la restriction éventuelle de la validité du pass à un rappel du vaccin anti-Covid.

Doit-on lier validité du pass sanitaire et dose de rappel? Et si oui, pour qui? Pour tous? Ces questions tourmentent l'exécutif et la majorité depuis de longues journées, les plongeant dans des abîmes de réflexion depuis la semaine dernière. Ce mardi soir, à 20h, Emmanuel Macron s'adressera aux Français dans ce qui sera sa première allocution depuis le 12 juillet. Et tranchera dans le vif de ces problématiques.

Si le président de la République doit arrêter sa décision à l'issue du Conseil de défense sanitaire organisé à l'Elysée ce mardi à 9h45, sur la base d'un avis de la Haute Autorité de Santé, il semble s'être déjà fait une religion. Selon nos informations, le conditionnement du pass sanitaire à l'obtention d'une dose de rappel ne s'appliquerait qu'aux personnes âgées de plus de 65 ans.

Les chiffres d'une nouvelle accélération épidémique

L'exécutif doit peser deux dimensions dans une instable balance. D'un côté, une opinion publique à considérer, déjà largement vaccinée (74,6% de la population totale peuvent se prévaloir d'un schéma vaccinal complet) et qu'il faut préserver de la lassitude, de l'autre, un Covid-19 à la relance contre lequel il faut se prémunir.

Quelques chiffres aident à rendre compte de cette réaccélération - encore modeste - du virus. 2197 cas positifs ont été recensés au cours des dernières 24h contre 1866 lundi dernier, soit une hausse de 18% ; 6956 cas ont été notés chaque jour en moyenne au terme d'un bond hebdomadaire de 23% ; enfin, avec une moyenne de 40 morts emportés par la maladie à l'hôpital ces derniers jours, on enregistre une recrudescence de la létalité du virus dans le secteur hospitalier de 62%.

Le rythme modeste de la campagne de rappel

18 mois d'expérience prophylactique contre le Covid-19 présentent une vertu. On connaît désormais la parade au redoublement d'ardeur du virus: le vaccin. Or, il apparaît que l'efficacité de celui-ci décroît naturellement avec le temps, notamment passé le sixième mois, a fortiori en ce qui concerne les publics les plus vulnérables. C'est pourquoi le gouvernement et les autorités scientifiques préconisent d'administrer une dose de rappel - parfois improprement qualifiée de "troisième dose" - aux séniors âgées de plus de 65 ans, aux personnes souffrant de comorbidités et au personnel médical.

Mais de la menace statistique à la réalité d'un mouvement de masse, il y a un pas, qui ressemble à un creux. Selon Doctolib lundi soir, on a pratiqué 74.544 doses de rappel par jour en moyenne durant la dernière semaine écoulée. Les prises de rendez-vous sont toutefois en forte hausse ces derniers jours. Le site a ainsi enregistré, toujours selon une moyenne établie sur les sept derniers jours, 54.704 prises de rendez-vous quotidiennes, avec un pic à 98.000 environ pour la seule journée de lundi.

En mesure

Restreindre le pass sanitaire à une dose de rappel d'un vaccin encore perçu comme la seule arme viable contre le fléau apparaît comme le boost le plus sûr. Ce qui n'exclut pas la mesure, comme l'a rappelé Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille et épidémiologiste, sur notre antenne.

"Il faut expliquer cette troisième dose. Ça fait assez peu de temps qu’on sait qu’on en a besoin, en particulier pour les plus âgés parce qu’on comprend l’immunosénescence – le vieillissement du système immunitaire – en revanche, pour les personnes les plus fragiles, ayant des comorbidités, je pense qu’il faut encore insister et aller vers eux, avant de passer à des solutions radicales."

Dernière frontière

C'est d'ailleurs cette approche différenciée qui devrait avoir la préférence du sommet de l'Etat, dont l'ambition en la matière sera bridée, outre ces considérations pédagogico-politiques, par une contrainte technique. Philippe Corbé, le chef du service politique de BFMTV, a ainsi développé sur notre plateau ce mardi matin:

"Le principe de la conditionnalité du pass sanitaire avec la troisième dose devrait s’appliquer pour les plus de 65 ans et seulement pour eux, pas pour ceux ayant par exemple un problème d’immunité ou des comorbidités (...) parce que c’est relativement simple techniquement. Dans votre pass il y a votre date de naissance, on peut dire ‘Vous avez plus de 65 ans, vous devez faire la dose de rappel à telle échéance’."

"Pour les comorbidités, c’est plus problématique, car le type de maladie n’est pas inscrit dans le pass. D’ailleurs, certains points ne sont pas clairs: à quel niveau de surpoids par exemple, faut-il faire sa dose de rappel?", a-t-il poursuivi.

Force est de dresser un dernier constat. Certes, circonscrire la validité du pass sanitaire à un nouveau passage sous la seringue n'est pas rien mais le procédé n'équivaut pas à décréter une obligation vaccinale stricto sensu. L'exécutif devrait toutefois s'arrêter à sa lisière. "Ce soir sera aussi une très forte incitation à ce que ceux qui peuvent faire cette dose de rappel le fassent", a illustré Philippe Corbé.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV