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Près de 2.000 cas de violences sur des médecins signalés en 2024, en nette hausse en un an

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Ces dernières années, les cas de violences envers les médecins n'ont cessé d'augmenter, selon un rapport du Conseil National de l'Ordre des Médecins. Peu d'entre eux finissent pourtant par porter plainte. Les généralistes sont les plus touchés.

En 2024, le Conseil National de l'Ordre des Médecins a recensé 1.992 déclarations de violences à l'encontre d'un médecin en exercice, contre 1.581 en 2023 - un chiffre en nette hausse (26%) sur un an. D'après un rapport établi à partir d'un questionnaire, au premier semestre de l'année 2024, 1.057 médecins déclaraient avoir été victimes d'une agression.

Dans 63% des cas, la victime est un médecin généraliste, quand 37% des médecins d'une autre spécialité (psychiatre, ophtalmologue, médecin du travail) se disent victimes d'agression.

Depuis 2021, donc en l'espace de trois ans, le nombre d'agression contre les médecins a même augmenté de 95%. "Cette donnée illustre un phénomène durable, non un accident passager: les agressions sont devenues un problème structurel pour l’ensemble de la profession", souligne le rapport.

Les Hauts-de-France sont la région la plus concernée

Parmi les régions les plus touchées, les Hauts-de-France arrivent en tête avec 477 déclarations d'agressions en 2024, devant la région Provences-Alpes-Côte d'Azur (439). Si la Nouvelle-Aquitaine se place en troisième position avec 164 déclarations d'agression, elle observe une légère baisse par rapport à 2023 (202).

Concernant les départements, le Nord et les Bouches-du-Rhône se distinguent très clairement avec respectivement 420 et 368 cas d'agressions déclarés par des médecins.

Les femmes médecins en première ligne

Sur les 1.992 déclarations recensées, la majorité des victimes sont des femmes (55%) alors qu'elles représentent 50% de l'effectif total des médecins. Dans quasiment 6 cas sur 10, l'agresseur est le patient (58%). La personne qui accompagne le patient n'est l'auteur des violences que dans 12% des cas.

Les violences peuvent revêtir plusieurs formes, mais représentent majoritairement des atteintes à la personne: agressions verbales et menaces (61% des cas), vols ou tentatives de vols (8%), ou encore une agression physique (5%).

Selon les médecins, les motifs bien souvent évoqués par les agresseurs sont relatifs à la prise en charge (32%), devant une falsification de document (26%) ou un refus de prescription (17%).

74% des agressions en cabinet de médecine de ville

Une nette distinction apparaît quant au cadre où a lieu l'agression des médecins. La plupart des incidents déclarés le sont dans le cadre d'une activité de médecine de ville (74%). Plus de la moitié ont même lieu au sein du cabinet.

Ces agressions ont lieu dans un établissement de soins dans seulement 20% des cas. "À noter cependant que les agressions en milieu hospitalier ne sont que peu déclarées, faisant probablement l’objet d’une gestion interne", note la synthèse du rapport.

Par ailleurs, face à l'augmentation flagrante des violences à l'encontre des médecins ces dernières années, peu d'entre eux finissent par porter plainte, souligne le Conseil National de l'Ordre des Médecins.

Seul un tiers des médecins concernés (35%) vont déposer plainte tandis que 7% déposent une main courante.

Margaux de Frouville avec Orlane Edouard