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Non, les vidéos d'hôpitaux vides ne prouvent pas que le coronavirus est un complot

L'entrée de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, le 15 avril 2019.

L'entrée de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, le 15 avril 2019. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Dans une vidéo publiée sur Facebook mardi, un internaute montre des photos et vidéos prises de nuit à l'extérieur de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Face aux allées vides, il veut prouver que l'épidémie du Covid-19 est "l'escroquerie du siècle".

Depuis le début de l'épidémie, des internautes publient sur les réseaux sociaux des images montrant des couloirs et des halls d'hôpitaux vides. L'objectif: apporter la preuve que le gouvernement exagère la crise du coronavirus. Mercredi, une publication sur Facebook, partagée des milliers de fois depuis, montrait ainsi des "allées vides" à l'extérieur de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Mais cela ne confirme en rien que l'épidémie de Covid-19 est "l'escroquerie du siècle": les urgences de l'hôpital ont reçu "plus de 150 patients Covid et non Covid" en une journée", a assuré une porte-parole de l'APHP à l'AFP.

En avril, une vidéo montrant des salles d'attente et des couloirs d'hôpitaux vides à Toulon prétendait déjà démontrer que "le gouvernement nous ment" au sujet du coronavirus.

Cette fois-ci, l'auteur dévoile plusieurs photos et vidéos prises de nuit à l'extérieur de l'établissement parisien. Dans une première vidéo, on peut le voir marcher à proximité du "pavillon Laveran", le service des maladies infectieuses et tropicales, relate l'AFP factuel. Dans une deuxième vidéo, il se trouve devant les urgences, qui semblent particulièrement calmes.

"L'escroquerie du siècle: l'hôpital de la Salpêtrière à Paris est entièrement vide!", commente l'auteur. "Pour vérifier l'existence de la fameuse deuxième vague de Covid qui sert de prétexte à Macron pour détruire nos vies et notre société ce soir à 19 heures, je suis allée voir les urgences du plus grand hôpital de Paris (...) Résultat de ma balade: Urgences vides!!! Allées vides! Aucune ambulance, ni pompier avec des malades Covid! Rien! Pas de foules ni de mouvement de foules!"

Les urgences "plus calmes"

Mais ces images ne confirment aucune théorie du complot. A 19 heures, le pavillon Laveran n'accepte plus de consultation, il n'est donc pas étonnant "qu'il n'y ait pas de foule", confirme à l'Agence France-Presse (AFP) une porte parole de l'AP-HP. Dans le cadre de la lutte contre l'épidémie, l'établissement a aussi limité les visites à une par patient et par jour, ce qui explique de croiser moins de monde qu'à l'accoutumée.

Aux urgences, notre nombre de passages par 24 heures est effectivement légèrement en dessous de nos moyennes", admet par ailleurs une infirmière de la Pitié-Salpêtrière contactée par l'AFP. "Mais peut-être que cela peut s'expliquer par une augmentation des pratiques de téléconsultations ou par la diminution des traumatismes", a-t-elle ajouté. "Par exemple, on a plus de chutes dans un contexte d'ébriété puisque les bars sont fermés."

En revanche, "de plus en plus de lits en service de réanimation sont désormais dédiés aux prises en charge de Covid", confirme-t-elle.

Des chiffres inquiétants

La région a désormais 62,6% de sa capacité de base en lits de réanimation et soins intensifs occupés par des patients Covid-19, a annoncé l'ARS Île-de-France ce vendredi. Selon les données de Santé Publique France, 701 patients sont actuellement en réanimation en Île-de-France, contre 672 ce jeudi matin, et leur nombre pourrait encore grimper.

Début octobre, le directeur de l'AP-HP Martin Hirsch alertait sur un afflux "inéluctable" dans les services de réanimation. Il estimait alors que "70 à 90%" des lits de réanimation pourraient être occupés d'ici la fin du mois, dans quelques jours.

Cyrielle Cabot Journaliste BFMTV