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Moins d’alcool, mais plus de tabac: premier bilan sanitaire du confinement en France

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - AFP

Dès le début du confinement, Santé publique France a lancé une étude pour connaître l’impact du confinement sur la consommation de tabac et d’alcool des Français. Plus d’un quart des fumeurs déclare avoir augmenté sa consommation. Une tendance non observée sur les usages d’alcool.

A situation inédite, surveillance indispensable. C’est avec ce constat que Santé publique France a lancé son enquête auprès de 2003 Français de 18 ans et plus, du 30 mars au 1er avril, soit après les 2 premières semaines de confinement, pour connaître l'impact de cette période particulière sur leur consommation de tabac et d'alcool.

"Les modes de vie des Français ont été grandement impactés par le confinement, or les comportements de santé comme le tabagisme et la consommation d’alcool sont aussi liés aux habitudes de vie", nous explique Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité addictions de Santé publique France.

Premier constat: plus d’un quart (27%) des fumeurs ont augmenté leur consommation de tabac pendant le confinement, 55% n’ont rien changé, et 19% l’ont diminuée. Nour, parisienne de 39 ans, confirme: "Cela a été une catastrophe, j'ai fumé deux fois plus".

5 cigarettes de plus par jour en moyenne

"Les motifs cités par les fumeurs ayant augmenté leur consommation sont d’abord l’ennui, le besoin de s’occuper; ensuite, le stress, l’angoisse liés au confinement et à la crise Covid; enfin, le plaisir", détaille la spécialiste.

Dans le détail, la hausse moyenne du nombre de cigarettes fumées par les fumeurs quotidiens (94% des fumeurs interrogés) est de 5 cigarettes par jour. Quant au profil, l'augmentation de la consommation de tabac est plus fréquemment mentionnée par les 25-34 ans (41%) et les actifs travaillant à domicile (37%).

"Réduction des moments de convivialité"

A l’inverse, près d’un quart (24%) des Français ont diminué leur consommation d’alcool. 11% l’ont augmentée. Dans la majorité des cas (65%), le recours à l’alcool est resté stable.

Viêt Nguyen Thanh a son interprétation: "Finalement, les Français sont plus nombreux à avoir diminué leur consommation d’alcool qu’à l’avoir augmentée, ce qui est probablement lié à la diminution des occasions de consommer, à la réduction des moments de convivialité pendant le confinement". Mais l’experte de Santé publique France note un bémol:

"Le confinement, d’après l’analyse des sollicitations reçues sur Alcool info service, a pu mettre en difficulté les consommateurs dépendants, pour qui le stress a pu générer des rechutes ou des reprises, et rendre plus difficile la prise en charge".

Une nouvelle enquête prévue cette semaine

Parmi les Français qui déclarent avoir augmenté leur consommation, 51% déclarent avoir augmenté leur fréquence de consommation, 10% le nombre de verres bus les jours de consommation et 23% les deux paramètres.

"L'augmentation de la consommation d'alcool est plus fréquemment mentionnée par les moins de 50 ans, les individus vivant dans une ville de plus de 100.000 habitants (13% contre 9% des habitants d’agglomérations de moins de 100.000 habitants) et les parents d'enfants de moins de 16 ans (18% contre 8% des répondants n’ayant pas d’enfant de moins de 16 ans)", détaille Santé publique France.

L’agence sanitaire rediffuse actuellement une campagne sur les réseaux sociaux pour inciter à utiliser Tabac Info Service, joignable au 39 89 ou via une application. Elle a l’intention de poursuivre son étude :

"Une nouvelle vague d’enquête est prévue dès cette semaine, entre le 13 et le 15 mai. Ces données nous seront très utiles pour ajuster nos programmes de marketing social et l’ensemble de nos actions sur ces thématiques", annonce Viêt Nguyen Thanh. "L’objectif sera d’encourager les baisses de consommations constatées et au contraire de contrecarrer les hausses, afin d’éviter qu’aux conséquences directes de la crise Covid-19, déjà très importantes, s’ajoutent des conséquences indirectes sur les grands déterminants de la santé que sont le tabagisme et la consommation d’alcool", conclut la spécialiste.

Margaux de Frouville