Médicaments, motivation financière... Les méthodes les plus efficaces pour arrêter de fumer

Cigarette (illustration) - Copyright: AFP
Les anciens fumeurs le savent, quitter la cigarette est souvent un difficile combat contre soi-même. La nicotine, molécule hautement addictive, pousse à poursuivre le tabagisme, sous peine d'éprouver de forts effets secondaires liés au manque.
Mais si la quête de l'arrêt du tabac est longue et difficile, des méthodes peuvent faciliter la route, comme le rappelle une étude publiée mercredi 4 septembre dans la revue Addiction, repérée par Le Figaro.
Cette méta-analyse menée par le Cochrane Tobacco Addiction Group et dirigée par des chercheurs d'Oxford et de l'université du Massachussets met en lumière les méthodes les plus efficaces pour éteindre pour de bon sa cigarette. Médicaments, accompagnement... Plusieurs grandes méthodes sont mises en avant pour leur efficacité.
"L'arrêt du tabac améliore la santé mentale et réduit les troubles cardiovasculaires et la mortalité chez les personnes atteintes d'une maladie cardiovasculaire", notent par ailleurs les chercheurs en préambule.
L'action de trois médicaments plébiscitée
Cette enquête recoupe les données récoltées lors de plus de 1.000 précédentes études sur cette même question. Au final, l'administration de médicaments aidant au sevrage est mise en avant comme la plus efficace. Trois molécules sont citées: la varénicline, le bupropion et la cytisine, qui n'est pas autorisée en France.
Comme l'explique au Figaro Fabio Marti, maître de conférence et chercheur au CNRS, "ces médicaments se fixent sur les récepteurs auxquels se lie normalement la nicotine", et empêchent celle-ci de s'y loger.
"Les agonistes diminuent l'effet de récompense que cette substance addictive procure habituellement".
Ces produits permettent d'éviter les gênants symptômes du "manque", notamment l'anxiété, atténuant ainsi le premier facteur de rechute. Des produits qui sont par ailleurs remboursables, (après l'échec des substituts de nicotine) comme le rappelle le Vidal. Ces substances peuvent toutefois générer des effets secondaires problématiques, par exemple, des états dépressifs.
Chez les gros fumeurs, des traitement combinant ces produits et des patchs à la nicotine peuvent aussi être envisagés, comme l'avait mis en avant une étude du British Journal of medicine.
"L’action combinée de la varenicline et du patch de nicotine permettrait de saturer les récepteurs et ainsi de réduire plus drastiquement la sensation de manque. Un effet qui ne serait donc sensible que chez les gros fumeurs", souligne la Fondation de recherche sur le cancer.
La cigarette électronique, une option viable dans "plus de la moitié" des cas
Toujours dans la liste des méthodes les plus efficaces, on retrouve la très controversée cigarette électronique. Si son action permet selon les auteurs de l'étude d'arrêter le tabac dans "plus de la moitié" des cas, un certain nombre de points noirs sont recensés.
"Dans l'ensemble, 54 % des participants à qui l'on avait assigné une cigarette électronique l'utilisaient toujours après six mois ou plus; cette proportion était de 70 % chez ceux qui avaient réussi à arrêter de fumer", précisent les auteurs de cette étude.
"On dit souvent qu'une personne a arrêté de fumer grâce à l'utilisation de la cigarette électronique avec nicotine, mais on ne dit pas qu'elle est devenue dépendante de la cigarette électronique, dont les conséquences sur la santé sont encore méconnues", souligne auprès de La Vanguardia le Dr Barchilon, le coordinateur du groupe espagnol de recherche sur le sevrage tabagique.
De plus, les chercheurs se sont penchés sur le rôle joué -ou non- par les arômes infusés dans les e-cigarettes. Les résultats sont lacunaires et ne permettent de mettre en évidence aucune différence dans l'efficacité du sevrage. "D'autres travaux sont prévus et en cours dans ce domaine", est-il précisé en queue de conclusion.
La nécessité d'une approche mixte
Enfin, les données suggèrent deux autres méthodes efficaces: la thérapie/l'accompagnement et "les incitations financières". Mais, comme le rappellent plusieurs experts au Figaro, la meilleure solution est avant tout celle qui convient au fumeur. L'arrêt du tabac est facilité par une prise en charge médicale, pour adapter la solution au cas particulier, afin d'éviter un effet secondaire ou le rebond d'une addiction à une autre.
Reste que, la meilleure cigarette est, du point de vue de la santé, la dernière. Et le plus tôt possible. Une étude internationale parue en février mettait l'accent sur le caractère réversible des dégâts du tabac.
Une personne arrêtant de fumer avant ses 40 ans peut espérer retrouver une espérance de vie quasiment normale. Les résultats bénéfiques étaient "évidents dès les trois premières années suivant l'arrêt du tabac", expliquaient ces chercheurs canadiens.